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The Beats - Anthologie graphique - Harvey Pekar et Paul Buhle

Née dans les années 1950 avec Jack Kerouac, Allen Ginsberg ou William Burroughs, la génération Beatnik est le symbole d'une Amérique désabusée qui aspire à une certaine liberté de pensée. Les origines de l'expression beatnik bien que multiples et incertaines, trouveraient leur signification dans le terme "crevé" ou "usé". Jack Kerouac y aurait porté une connotation paradoxale de upbeat et beatific. Ce nouveau mouvement artistico-intellectuel inspiré du jazz (Hobohemians), aurait révolutionné la culture conformiste américaine et nourri la culture hippie des années 1970. C'est dans les drogues, l'alcool et le sexe libre que les beatniks affirment leur revendications en édifiant une contre-culture prônant la liberté d'expression et en adpotant un style de vie en marge de la société (cf. Le vagabond en voie de disparition de Jack Kerouac). Notamment inspirés par le charismatique Neal Cassady, les trois principaux précurseurs du mouvement expérimentent de nouvelles techniques d'écriture comme "la prose spontanée" ou "l'écriture automatique". Howl (Allan Ginsberg), On the Road (Jack Kerouac) ou Naked Lunch (William Burroughs) sont les oeuvres phares de ce mouvement qui ont propulsé le beatniks sur le devant de la scène littéraire de l'époque. Souvent jugées comme obscènes et contraires aux moeurs, la poésie et la littérature beatnik ont embrasé l'enthousiasme des jeunes générations de l'époque. Le vif intérêt que suscite encore cette vague d'auteurs américains est le signe de son influence indéniable dans les domaines intellectuels américains des années 50-60. Au delà de la simple nostalgie d'un temps perdu, la beat generation porte encore en elle, les germes d'une contestation culturelle de grande envergure. The Beats ne se veut pas une énième étude du mouvement. Elle se renvendique plutôt comme un hommage rendu à ses pères d'autant qu'elle "possède une qualité en accord avec la popularisation vernaculaire des beats." (extrait de l'introduction).


C'est à l'adolescence que je me suis intéressé aux beatniks. Comme beaucoup d'entre nous, j'ai lu le Festin nu (adapté au cinéma par l'immense David Cronenberg), Sur la route, Junky ou encore Les clochards célestes (n'étant pas un grand adepte de poésie, je ne me suis jamais attardé à la poésie de Ginsberg). Si cette contre-culture a suscité ma curiosité à l'époque, je crois avec le recul que la beatnik generation n'est pas vraiment ma tasse de thé (cette lecture me confirme que les revendications et l'esprit de ses pionniers s'éloigne de mes propres convictions). Si le message politique porté par le courant me parait louable en raison de l'effervescence intellectuelle et des prises de conscience qu'il a pu susciter (on assiste à l'époque à une véritable révolution intellectuelle), je fais partie de ceux qui pensent que la "beatnik attitude" se rapproche plus d'une expérience de vie que d'un véritable mouvement de pensée (peut-être ai-je tort mais c'est l'idée que j'en ai). Cette bande-dessinée renforce à mon sens cette idée. On y retrouve les éléments biographiques de ses principaux acteurs ainsi que les origines du mouvement. Leur mise en images par les différents dessinateurs m'a certes paru coller avec l'esprit des beats. Les graphismes en noir et blanc confèrent d'ailleurs au livre un parfum d'authenticité assez appréciable (même si Ed Piskar, principal dessinateur de la bande-dessinée, n'a pas vécu l'expérience beatnik étant trop jeune). Pour autant, les lecteurs avertis n'y apprendront pas grand chose excepté peut-être dans les derniers chapitres du livre relatifs aux diverses manifestations de la beatnik generation. Reste donc seul le plaisir de découvrir les dessins et le travail d'adaptation qui rendent assez bien compte me semble t-il, de l'esprit beatnik de l'époque. Cela dit, pour tout à fait être honnête, Harvey Pekar et Paul Buhle ne se sont pas cachés de leur intention, l'idée étant surtout d'offrir "une interprétation visuelle et narrative spécifique, à la fois fraiche et perspicace." (extrait de l'introduction). Cette initiative, certes séduisante, ne m'a malheureusement pas convaincu bien qu'elle propose quelques anecdotes truculentes et qu'elle constitue une bonne introduction au sujet... A noter en passant l'intéressant récit de Tuli Kupferberg proposé par Jeffrey Lewis qui revient sur le parcours des Fugs (cf. la vidéo de Kill for peace).


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  • Titre : The Beats. Anthologie graphique
  • Titre original : The Beats. A graphic history
  • Textes : Harvey Pekar, Nancy J. Peers, Penelope Rosemont, joyce Brabner, Trina Robbins et Tuli Kupferberg
  • Dessins : Ed Piskor, Jay Kinney, Nick Thorkelson, Summer Mc Clinton, Peter Kuper, Mary Fleener, Jerome Neukirch, Anne Timmons, Gary Dumm, Lance Tooks et Jeffrey Lewis
  • Direction : Paul Buhle
  • Éditeur : Emmanuel Proust
  • Traducteur : Lydie Barbarian
  • Date de parution : Novembre 2011
  • Nombre de pages : 194 p.
  • ISBN : 978-2-8480-374-7
  • Crédits photographiques : Source non trouvée pour la photo et © Ed Piskar
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