L’excellente préface de Bertrand Fillaudeau rappelle le contexte historique de l’affaire des sorcières de Salem : alors que Cromwell,
homme politique et militaire anglais converti à une secte protestante,
fait des émules au sein de la communauté nouvellement immigrée en
Nouvelle Angleterre, les anglais royalistes sont accusés de soutenir une
église romaine qui procède à des cérémonies démoniaques. La sorcellerie
est alors largement condamnée et la Nouvelle Angleterre sert de
laboratoire idéal à ces féroces adeptes du puritanisme. La sorcière de Salem, nous explique t-il, "est la description implacable de la paranoïa qui saisit une petite ville." p. 11
"En s’appuyant sur des faits historiques, comptes rendus des procès et suites de l’affaire, Elizabeth Gaskell
parvient à rendre magistralement la montée du péril, l’atmosphère de
délation et de haine, la folie collective qui vont broyer à jamais des
êtres de chair et de sang." Extrait de la présentation de l’éditeur.
Souvent associée à Charles Dickens qui la surnommait sa "chère Schéhérazade",
Elizabeth Gaskell est considérée comme un maître du roman politique et
social ou encore comme un auteur de récits du folklore. "Son sens de
la justice et de la responsabilité va de pair avec sa faculté de
communiquer l’émotion face à l’innocence bafouée et à la folie des
hommes. » (extrait de la présentation de l’éditeur). Marquant
l’écriture gothique de sa plume humaniste, Elizabeth Gaskell a réussi à
montrer à quel point la sorcellerie est une superstition favorisée par
l’ignorance et la crédulité.
Ce
roman, parfaitement écrit, est passionnant. Elizabeth Gaskell maîtrise à
merveille son intrigue et j’ai trouvé les personnages justes et leur
psychologie très bien étudiée. On connait dès le départ l’issue tragique
de l’histoire mais l’objectivité dont fait preuve l’auteure fait de La sorcière de Salem
une lecture de référence sur la question. Le recul de Gaskell sur cette
affaire (le roman est écrit au 19ème siècle) apporte de la crédibilité à
son récit et l’on ne peut que constater avec horreur les méfaits de
l’obscurantisme religieux sur la société de l’époque. A lire sans
modération.
A voir sur le sujet, l’excellente adaptation cinématographique de la pièce d’Arthur Miller avec Winona Ryder et Daniel Day-Lewis (sortie sur les écrans en 1996).
Dédicace : A F., une autre sorcière
Auteur : Elizabeth Gaskell
Titre original : Loïs the witch
Traducteur : Roger Kann et Bertrand Fillaudeau
Editions : José Corti
Collection : Romantique N° 73
Date de parution : 1999
Nombre de pages : 210 p.
Préface : Bertrand Fillaudeau
Bref historique de l’affaire des sorcières de Salem : "En
1692, chez Samuel Parris, pasteur de Salem, dix adolescentes furent
prises de convulsions et se livrèrent à des actes abominables et
obscènes. La nourrice indienne de la fille du pasteur proposa un remède
magique, ce qui lui fut reproché par la suite - seule la contrition la
sauva du bûcher. L’affaire était lancée. Les accusations fusèrent, les
cas de possessions pseudo-démoniaques se multiplièrent. Plus de deux
cents personnes furent arrêtées. Dix- neuf furent pendues. Ce n’est
qu’en avril 1694 que le gouverneur Philipps remit en liberté cent
cinquante prisonniers. En 1957, le Parlement du Massachussets réhabilita
les victimes - le succès de la pièce d’Arthur Miller n’étant peut-être pas étranger à cette mise au point bien tardive." (extrait de la préface de Fillaudeau).
Dédicace : A F., une autre sorcière
Auteur : Elizabeth Gaskell
Titre original : Loïs the witch
Traducteur : Roger Kann et Bertrand Fillaudeau
Editions : José Corti
Collection : Romantique N° 73
Date de parution : 1999
Nombre de pages : 210 p.
Préface : Bertrand Fillaudeau
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