Après Le temps du père, vient Le temps du parti. Dans ce second tome d'Une vie chinoise, Xiao Li évoque ses souvenirs de l'ère post-maoiste : le groupe anti-révolutionnaire de la bande des 4 a été arrêté. Deng Xiaoping rétabli dans ses fonctions de vice-président du Comité central, prend la relève du Grand Timonier. Après 10 ans passés dans le camp de rééducation des cadres (village de Mi le), le père de Xiao Li est réhabilité par le parti et même nommé directeur général. Xiao Li, engagé dans l'armée, ne désespère pas malgré des antécédents familiaux accablants (sa famille compte en effet des propriétaires terriens), d'entrer au parti tout comme son père. Sa mère est devenue infirmière à l'hôpital du Kunming et sa soeur Meimei a été envoyée à la campagne pour y travailler comme ouvrière agricole. Xiao Li demande son intégration à l'unité de production et part travailler à la campagne. Pendant ce temps, Deng Xiaoping engage le mouvement de la "libération de la pensée" : le pays vit une période de transformation qui amène un souffle de liberté. Xiao Li est sollicité par les autorités pour ses talents de dessinateur et revient en ville où il constate que les choses ont bien changé. La lutte des classes prend fin et la Chine entame l'écriture d'une nouvelle page de son histoire ("La révolution culturelle, c'était une erreur. Le parti s'est laissé embarquer par une clique d'extrémistes... Mais maintenant, c'est réglé tout ça. Oublié." p.62)...
La mort de Mao Zedong en 1976 laisse les chinois désemparés. Avec lui, s'envole l'utopie communiste imaginée par les grands frères soviétiques. Mais Xiao Li à l'image de ses camarades, perpétue obstinément le souvenir de son idole. Les temps ont pourtant changé et en dépit des bouleversements que connait le pays, Xiao Li continue d'idéaliser la Chine communiste enseignée par son père. Avec toujours autant d'honnêteté que pour Le temps du père, Li Kunwu se rémémore cette période étrange pendant laquelle le mouvement de la libéralisation de la pensée bouscule les convictions communistes. Le pays essaie de ratrapper le temps perdu : les dancings réouvrent, les premiers touristes arrivent en même temps que le pays se modernise et s'ouvre timidement au capitalisme avec son économie socialiste de marché ("car le peuple chinois a lui aussi, le droit de se développer ! Le droit au confort ! Vous verrez nous aussi, nous aurons un jour des salles de bains chez nous ! " p.179). Nous sommes alors au début des années 80. Ce second tome, plus court que le premier, passe peut-être trop rapidement sur les événements historiques et biographiques. On regrettera l'application et la minutie apportée au scénario du Temps du père qui parait plus travaillé, mieux étudié mais l'album conserve tout de même son intérêt et mérite une lecture attentive. Histoire à suivre avec le troisième tome : Le temps de l'argent.
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- Titre : Une vie chinoise 2 : Le temps du parti
- Scénario et dessins : Li Kunwu et P. Ôtié
- Éditeur : Kana
- Collection : Made in
- Date de parution : 2009
- Nombre de pages : 198 p.
- ISBN : 978-2-5050-0761-6
- Crédits photographiques : © Li Kunwu
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