La famille Loony est une famille comme tant d'autres : à chacun son caractère, ses problèmes, ses peines et ses façons de les affronter ou de les fuir. Il y a le père (Patrick), la mère (Maggie), le fils aîné (Denis), la fille (Claire) et le benjamin (Peter qui est étrangement représenté sous les traits d'une grenouille). Tout commence lorsque Patrick et Maggie, devenus grand-parents, invitent enfants, belle-fille (Aki la femme de Denis) et petits-enfants (Jill, la fille de Claire et Alex, le dernier né de Denis et Aki) pour quelques jours dans la maison familiale située en bord de mer. Après 40 ans de mariage, les deux doyens annoncent leur prochain divorce. Incompréhension, indifférence, indignation, philosophie, détachement ou résignation, chaque membre de la famille accuse la nouvelle à sa façon toute personnelle. Le séjour qui devient pénible à cette annonce, fait ressurgir souvenirs, secrets, non-dits et autres regrets. A travers un traitement graphique singulier mais un scénario fragile, Dash Shaw pourtant retenu pour la sélection officielle 2009 du Festival d'Angoulême, soulève avec son égocentré Nombril sans fond (titre traduit), l'éternelle question des relations familiales, inter-générationnelles et autres questionnements existentiels...
Dommage que Bottomless Belly Button n'honore pas ses promesses : d'un point de vue esthétique et graphique, il réunissait toutes les apparences d'un album engageant. Par son format d'abord : 720 pages condensées dans un beau livre au format A5 et joliment conçu par les éditions Ca et là. Par ses planches ensuite pour certains plans détaillés qui ponctuent agréablement le récit. Par le coup de crayon enfin qui interpelle discrètement le regard. Dommage encore que Dash Shaw n'ait pas exploité jusqu'au bout certaines de ses propositions qui méritaient pourtant un approfondissement (certaines situations absurdes ou comiques, certaines rencontres hasardeuses ou détails incongrus auraient par exemple valu un développement qui aurait apporté de la consistance au récit). Dommage encore pour les descriptions verbales agaçantes et inutiles qui parsèment la bande-dessinée (ex : soupire, frotte, souffle, aspire, ferme, ouvre...). On aurait apprécié un scénario mieux maîtrisé, une articulation plus travaillée. Bref, une belle déception qui me dissuade un peu de creuser la bibliographie de ce dessinateur. Mais tout n'est pas noir puisque ce pavé d'au moins 5 cm d'épaisseur (et d'un demi kilo !) se lit d'une traite et reste agréable à manipuler. Et puis heureusement, d'après les critiques enthousiastes que j'ai pu lire, tout le monde ne partage pas mon avis... Peut-être pourriez-vous me conseiller d'autres titres qui me réconcilierait avec le travail de Dash Shaw ?
Enfin, si malgré tout, vous avez envie de lire cette bande-dessinée qui n'est pas dénuée d'intérêt en dépit de ma chronique, vous pouvez vous la procurer sur Amazon via le lien suivant : Bottomless Belly Button.
- Titre : Bottomless Belly Button
- Titre en français : Nombril sans fond
- Scénario et dessins : Dash Shaw
- Éditeur : Ca et là
- Traducteur : Sidonie Van Den Dries
- Date de parution : Novembre 2008
- Nombre de pages : 720 p.
- ISBN : 978-2-916207-30-8
- Crédits photographiques : © Dash Shaw
Cela faisait bien longtemps que je n'étais pas venu sur ton blog et on peut dire que les choses ont pris une bien belle tournure !
RépondreSupprimerJe me souviens avoir lu ce Botomless Belly Button il y a longtemps, alors qu'il était encensé par la critique. Le dessin m'avait moyennement plu et le propos, dans mon souvenir était entre la sensibilité et l'immaturité, mais avec une tendance à tomber du côté de cette dernière. Bref, cela ne m'avait pas laissé une forte impression. Quelques années plus tard, on n'en n'entend plus beaucoup parler, ce qui conforte mon impression d'alors (de même que la tienne !).
Merci pour ta fidélité Emmanuel ! Je t'avoue que le blog est un peu en friche en ce moment. Ca fait d'ailleurs un moment que je n'ai plus rien posté. Question de temps. Sinon, j'apprécie comme toujours tes interventions et concernant ce Bottomless, je suis d'accord avec toi : c'est une lecture qui marque peu malgré le foin qu'il y a eu autour à l'époque. Je passerai faire un tour du côté du Blog des bouquins à l'occasion. En attendant, bonnes lectures !
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