De l'assassinat considéré comme un des Beaux-Arts est un ouvrage difficilement identifiable. Il compile trois textes produits sur différentes périodes. La préface de Pierre Leyris,
que j'ai d'ailleurs trouvé très intéressante, contextualise bien
l'ouvrage et en permet une bonne appréhension. Car il faut le dire,
livré sans explications, ce traité qu'on a pu qualifier d'essai noir,
perd beaucoup de son essence. Thomas De Quincey,
que l'on connait pour son existence matérielle difficile, a produit
nombre de textes pour subvenir à ses besoins. Répondant à la demande des
éditeurs, il écrit sans cesse, jonglant entre les sujets et les styles
littéraires. Ici, il livre des essais, là, il signe des articles. Il
n'hésite pas à partager ses Confessions d'un fumeur d'opium et s'essaie même au roman noir et au roman gothique (voir Klosterheim ou Justice sanglante). Rien
de plus naturel donc, qu'il ait pu traiter un sujet tel que celui du
meurtre considéré comme l'un des Beaux-Arts. Ainsi, la première partie
de l'ouvrage retranscrit-elle une conférence (1827) que l'auteur aurait tenu devant un public d'amateurs de "crimes esthétiques". Publié 12 ans après la conférence, le Mémoire supplémentaire (1839) propose de nouveaux exemples de meurtres censés plaire à la Société des connaisseurs en meurtres. Enfin, le Post-Scriptum (1954) vient enrichir le traité par une description minutieuse du crime particulièrement "grandiose" commis par Williams sur la famille Marr et William.
Si l'idée de traiter l'assassinat comme un objet esthétique peut sembler macabre, je l'ai trouvé séduisante. Ce n'est pas tant le voyeurisme qui m'a poussé à la lecture de cet ouvrage mais bien l'envie de voir comment De Quincey avait pu traiter le sujet. Ainsi que se plait à déclarer l'auteur, l'objectif de ces textes était de divertir. Mais que peut-on trouver de diverstissant dans le simple répertoriage de crimes si le rapport à l'esthétique (l'objet même de ces textes) n'est pas étudié ? L'auteur, sans manquer d'humour dit-on, présente des cas de meurtres notables dont il a oublié, me semble t-il, qu'il devait les analyser sous l'angle artistique. Et ceci, sans compter qu'il fait de nombreuses digressions et que les multiples notes de bas de page nuisent à la fluidité du récit. Même le Post-Scriptum qui m'a paru approcher le plus du sujet de départ, n'est pas convaincant : l'exposé de De Quincey n'aborde que trop superficiellement le rapport entre assassinat et Beaux-Arts. Evidemment que l'auteur se moque des bourgeois avides de combler leur ennui et cela semble plutôt de bonne guerre, mais je m'attendais à quelque chose de plus acerbe, de plus construit, de mieux argumenté. En fait, ce traité ne m'a ni distrait, ni appris, et je trouve cela bien regrettable...
Note de l'éditeur : La Conférence qui amorce De l'assassinat considéré comme des Beaux-Arts a paru en 1827 dans le Blackwood's Magazine, et le Mémoire supplémentaire en 1939 dans le même périodique. De Quincey n'y a ajouté le Post-Scriptum qu'en 1854, quand il a inséré l'ensemble du texte dans ses Sélections graves et enjouées.
Si l'idée de traiter l'assassinat comme un objet esthétique peut sembler macabre, je l'ai trouvé séduisante. Ce n'est pas tant le voyeurisme qui m'a poussé à la lecture de cet ouvrage mais bien l'envie de voir comment De Quincey avait pu traiter le sujet. Ainsi que se plait à déclarer l'auteur, l'objectif de ces textes était de divertir. Mais que peut-on trouver de diverstissant dans le simple répertoriage de crimes si le rapport à l'esthétique (l'objet même de ces textes) n'est pas étudié ? L'auteur, sans manquer d'humour dit-on, présente des cas de meurtres notables dont il a oublié, me semble t-il, qu'il devait les analyser sous l'angle artistique. Et ceci, sans compter qu'il fait de nombreuses digressions et que les multiples notes de bas de page nuisent à la fluidité du récit. Même le Post-Scriptum qui m'a paru approcher le plus du sujet de départ, n'est pas convaincant : l'exposé de De Quincey n'aborde que trop superficiellement le rapport entre assassinat et Beaux-Arts. Evidemment que l'auteur se moque des bourgeois avides de combler leur ennui et cela semble plutôt de bonne guerre, mais je m'attendais à quelque chose de plus acerbe, de plus construit, de mieux argumenté. En fait, ce traité ne m'a ni distrait, ni appris, et je trouve cela bien regrettable...
Note de l'éditeur : La Conférence qui amorce De l'assassinat considéré comme des Beaux-Arts a paru en 1827 dans le Blackwood's Magazine, et le Mémoire supplémentaire en 1939 dans le même périodique. De Quincey n'y a ajouté le Post-Scriptum qu'en 1854, quand il a inséré l'ensemble du texte dans ses Sélections graves et enjouées.
Auteur : Thomas De Quincey
Traduction et préface : Pierre Leyris
Editions : Gallimard
Collection : L'imaginaire
Date de parution : 1995
Nombre de pages : 176 p.
Enregistrer un commentaire