Cette biographie romancée raconte la vie de Rudolph Höss (Rudolph Lang dans le livre) ou comment on devient un commandant nazi du camp de concentration d’Auschwitz.
Le parcours de cet homme dont le dévouement sans bornes qu’il porte au
Führer est tout simplement effrayant. L’ingéniosité dont fait preuve
Rudolph Höss pour mettre au point les chambres à gaz et les techniques
qu’il développe pour éliminer le maximum d’ "unités" font froid dans le
dos. Et pourtant, le danger de ce récit réside bien dans le risque
d’empathie que l’on peut ressentir pour le héros de l’histoire : Rudolph
Lang compense ses frustrations en s’investissant plus que de mesure
dans une carrière militaire qu’il consacre entièrement au
national-socialisme.
L’horreur
de ce récit raconté à la première personne, est accentué par la
froideur et l’absence totale d’émotion du narrateur. La précision des
descriptions (calculs et statistiques à l’appui), le sens du devoir hors
du commun dont il fait preuve et la fidélité aveugle qu’il voue au
régime, tout concourt à faire de Rudolph Höss, l’un des acteurs les plus
ignobles du génocide juif. Mais aussi paradoxal que celui puisse
paraître, je me risque à penser sans chercher à le dédouaner, que
Rudolph Lang fait partie de ces gens pour qui la loyauté a un sens. Il a
choisi son camp et il l’assume jusqu’à la fin, si je peux me permettre
l’expression. Comment un homme peut-il ainsi aller jusqu’au bout de ses
convictions sans jamais faillir, est quelque chose qui dans son cas, ne
s’explique pas. Même s’il a souffert d’une enfance malheureuse marquée
par l’autorité d’un père excessif et qu’il a perdu la foi en la religion
le jour où il s’est senti trahi par son confesseur, rien ne présageait
un tel destin. Il faut croire que cette force qu’il a entrepris pour
détruire la population juive le dépassait complètement comme si endosser
le rôle de commandant de camp d’extermination était un travail que
personne d’autre que lui ne pouvait mieux faire.
Comme l’explique Robert Merle dans la préface de son roman, La mort est mon métier
a été rédigé entre 1950 et 1952 alors que la mode de la littérature sur
les camps de concentration et le génocide juif était passée. Publié à
l’époque, avec un peu de retard par rapport aux autres romans publiés
sur ce sujet, ce témoignage apparaît aujourd’hui comme une leçon
d’Histoire incontournable sur l’holaucauste de la seconde guerre
mondiale. Sauf que cette fois, nous sommes à la place du bourreau : là
où Si c’est un homme de Primo Levi nous
plongeait dans la vie quotidienne des détenus d’Auschwitz, Robert Merle
nous projette ici à la place du commandant d’Auschwitz. Si la première
partie du livre, rédigée à partir des notes cédées par le psychologue américain Gilbert
lors d’entretiens en prison, est assez romancée, Robert Merle a en
revanche effectué un véritable travail d’historien en racontant
l’édification du camp d’Auschwitz à partir des archives constituées lors
du procès de Nuremberg.
Pour
moi qui découvre ces lectures, avoir un aperçu des deux positions,
constitue une brique essentielle dans la connaissance que j’ai de ce
sombre épisode de l’histoire du 20ème siècle. Merci encore à Livraddict grâce à qui j’ai fait cette combien macabre mais nécessaire lecture.
A lire également l’autobiographie de Rudolph Höss, intitulée : Le commandant d’Auschwitz parle.
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Détails bibliograhiques
- Titre : La mort est mon métier
- Auteur : Robert Merle
- Édition : Folio
- Parution : 1976
- Nombre de pages : 370 p.
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