Mélancolie, tristesse et désespoir, tels sont apprend-on dans ce roman, les derniers sentiments auxquels s'est abandonné Stefan Zweig
durant les 6 derniers mois de sa vie. Contraint de fuir d'abord à
Londres, puis à New York pour finir sa course à Pétropolis (Brésil),
Stefan Zweig pour le plus grand malheur de ses proches et de ses
admirateurs, décide de mettre fin à ses jours un 22 février 1942. Dans
sa détresse, il emmène Lotte, sa jeune épouse malade, dans un ultime
voyage à véronal...
Récit d'un exil forcé, ce roman de Laurent Seksik nous dépeint un Zweig désespéré, un Zweig qui broie du noir : alors que l'Allemagne cherche l'espoir dans le nazisme, la Vienne et la Mitteleuropa tant chéries par l'autrichien, ne sont plus que l'ombre d'un souvenir éthéré. Tout n'est devenu que tristesse et désolation : dénonciations, arrestations, suicides... Se pouvait-il que Zweig qui était écrivain avant d'être juif, soit ainsi persécuté pour une religion dont il n'avait que faire ? Littérature, famille, amis, tout ce qui faisait sa joie, ne sont plus que les fantômes d'un passé glorieux. Zweig ne croit plus en rien. Pas même à l'amour immodéré que lui porte Lotte. Car "est-on encore un écrivain quand on est plus lu dans sa langue ? Est-on encore en vie lorsqu’on écrit plus de son vivant ?" p.22. Ses livres sont brûlés, il est considéré comme "alien enemy", ses éditeurs allemands lui tournent le dos... Zweig se sent las. Zweig se sent lâche. Il capitule. Il ne possède ni le bagoût de son ami Feder, ni la conviction de Bernanos. Et ni la politique, ni la religion ne l'intéressent. Il n'est qu'un pauvre écrivain. Hélas, la littérature n'a plus sa place dans ce monde rongé par la guerre et dévasté par le nazisme. Il a pris sa décision et seul Heinrich Von Kleist, l'un de ses auteurs préférés l'inspire : oui, il se donnera la mort. Et si Lotte le veut, elle peut partir avec lui...
Notes de l’auteur : Récit d'un exil forcé, ce roman de Laurent Seksik nous dépeint un Zweig désespéré, un Zweig qui broie du noir : alors que l'Allemagne cherche l'espoir dans le nazisme, la Vienne et la Mitteleuropa tant chéries par l'autrichien, ne sont plus que l'ombre d'un souvenir éthéré. Tout n'est devenu que tristesse et désolation : dénonciations, arrestations, suicides... Se pouvait-il que Zweig qui était écrivain avant d'être juif, soit ainsi persécuté pour une religion dont il n'avait que faire ? Littérature, famille, amis, tout ce qui faisait sa joie, ne sont plus que les fantômes d'un passé glorieux. Zweig ne croit plus en rien. Pas même à l'amour immodéré que lui porte Lotte. Car "est-on encore un écrivain quand on est plus lu dans sa langue ? Est-on encore en vie lorsqu’on écrit plus de son vivant ?" p.22. Ses livres sont brûlés, il est considéré comme "alien enemy", ses éditeurs allemands lui tournent le dos... Zweig se sent las. Zweig se sent lâche. Il capitule. Il ne possède ni le bagoût de son ami Feder, ni la conviction de Bernanos. Et ni la politique, ni la religion ne l'intéressent. Il n'est qu'un pauvre écrivain. Hélas, la littérature n'a plus sa place dans ce monde rongé par la guerre et dévasté par le nazisme. Il a pris sa décision et seul Heinrich Von Kleist, l'un de ses auteurs préférés l'inspire : oui, il se donnera la mort. Et si Lotte le veut, elle peut partir avec lui...
S'il est vrai que l'on ne peut réduire un homme à ce que l'on connait de son existence (p.
153), il faut reconnaître que ce roman permet de comprendre Zweig.
L'auteur autrichien, dont le talent de biographe n'est pas à prouver, se
retrouve sous la plume de Seksik de l'autre côté de la scène. J'ai aimé
accompagner le Zweig de Seksik dans ses derniers jours. J'ai aimé ce
livre pour Lotte. J'ai aimé ce livre pour les personnages qu'on y
rencontre. J'ai aimé ce livre pour ce qu'il dégage de si douloureux dans
la détresse d'un homme. Je connaissais l'écrivain Zweig au travers de
ses célèbres biographies. J'ai découvert un peu l'homme à travers cette
biographie. Il faut lire ce livre...
Qui pouvait entreprendre un roman en ces temps, tisser une trame plus forte et dramatique qye celle s’écrivait ? Hitler était l’auteur de millions d’insurpassables tragédies. La littérature avait trouvé son maître. p.22
Tu as porté à son plus haut niveau la technique du récit enchassé. Tu as inventé le style romanesque psychanalytique. C'est toi, le double de Freud, et non Schnitzler. (...). Et, pardonne la franchise, tes héros ne font que raconter ta propre blessure, dresser l'inventaire de ta longue dérive. Tu te refuses de militer, de signer nos pétitions, de te battre avec les mouvements des exilés, tu as même espéré un temps en Chamberlain, c'est dire ! Mais ton militantisme est ailleurs, tu es engagé dans le processus de destruction du monde. Tu t'es tellement assimilé à ce monde viennois, à cette culture de feu de la Mitteleuropa, qu'en la détruisant les nazis t'ont brisé. p.108-109. Feder à Zweig
Nous disposons, nous les vagabonds, nous les écrivains, entre nos mains, au bout de nos doigts, d'une arme puissante. Il faut se montrer digne de ce don d'écrire, digne de cette bénédiction divine. Votre plume, votre nom est un redoutable glaive que craignent les Goebbels, les Laval, tous les imbéciles et les lâches. p. 143. Bernanos à Zweig
La peur est le fantasme du démon. p.145
Ce
roman repose sur des faits réels et des événements historiques recoupés
dans des archives de l’époque, témoignages et documents. Les propos et
réflexions de certains personnages se veulent respectueux de l’esprit
dans lesquels ils ont été tenus dans des correspondances, les journaux,
les articles et les livres des protagonistes.
Auteur : Laurent Seksik
Titre : Les derniers jours de Stefan Zweig
Editions : J'ai lu
Date de parution : Janvier 2011
Date de parution originale : 2010 chez Flammarion
Nombre de pages : 185 p.
Couverture : D’après un portrait photographique de Stefan Zweig (1881-1942), vers 1925, Roger Viollet
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