" En se réveillant un matin après des rêves agités, Gregor Samsa se retrouva, dans son lit, métamorphosé en un monstrueux insecte." p.9, telle est la première phrase de La métamorphose qu'il n'est nul besoin de présenter. Publié pour la première fois en 1915, ce texte a alimenté toutes sortes d'analyses : de l'histoire de Gregor qui, du jour au lendemain, se transforme en insecte pour le plus grand malheur de sa famille, il n'est pas une interprétation mais mille. En effet, ce récit bien que court, a stimulé toutes les imaginations et nourri bien de thèses : certains assimilent La métamorphose à un réquisitoire dénonçant la relation conflictuelle père/fils de Kafka. D'autres encore y trouvent des allégories de l'isolement, de l'enfermement, de la peur de la différence, du drame familial... Pour toutes ces raisons, La métamorphose ne laisse d'intriguer des générations de lecteurs...
Cette singulière histoire est marquée par son caractère factuel : peu importe les causes de sa métamorphose, Gregor est devenu un cancrelat. D'abord dévoués et horrifiés, puis résignés et enfin exaspérés, les membres de la famille Samsa (père, mère et fille) acceptent l'incident et réorganisent leur vie en fonction de ce fils/frère soudain devenu un poids. Les situations frisent l'absurde ou le grotesque (étapes de l'appropriation par Gregor de son nouveau corps d'insecte, les tentatives du père pour écraser son fils à coups de pommes, les rituels liés au ménage de la chambre de Gregor par la soeur...). Malgré un contexte inapproprié, le comique prend parfois le dessus dans certaines scènes... Les réactions des personnages sont pour certaines cocasses (cf. l'étrange manège de la femme de ménage) et le texte ne manque pas de décontenancer le lecteur...
Ce récit surréaliste célèbre une écriture simple mais efficace qui a inspiré entre autres, des textes de la littérature japonaise comme par exemple, La dernière métamorphose de Keiichirô Hirano. Dans cet hommage rendu au monument littéraire de Kafka, Hirano raconte l'histoire d'un cadre japonais souffrant de hikikomori. A l'instar de cet ouvrage de Hirano, qui en passant n'est pas inoubliable, La métamorphose a durablement influencé la création littéraire. On notera d'ailleurs que les multiples thèmes abordés dans la nouvelle sont brillament exploités par Kafka. Je partage notamment la thèse de William Schnabel (Masques dans le miroir) selon laquelle le double métamorphique témoigne de la fascination et la répulsion pour cette forme monstrueuse. Chez Kafka, cette mutation qui mène inéluctablement à une fin misérable, traduirait selon Schnabel, un " rappel insolent de notre impermanence ". Il est évidemment bien d'autres sens à cette fiction mais finalement, quelles que soient les intentions prêtées au célèbre auteur tchèque, la magie opère. Et en dépit d’une traduction quelquefois maladroite pour la présente édition, La métamorphose, manifestation d'un esprit torturé, fait partie de ces lectures à ne manquer sous aucun prétexte.
La colonie pénitentiaire
Un officier zélé présente à un expert, juge des procédures judiciaires, la machine dédiée aux exécutions dans son pénitencier. Dernier défendeur de l'immonde instrument de torture, l'officier se désole de l'abandon progressif des pratiques imposée par l'ancien commandant. Cet engin conçu pour faire durer l'agonie du supplicié pendant 12 heures avant la mort effective, serait une création géniale. Dans une ultime tentative pour sauver l'hideuse machine, l'officier finalement vaincu par la décision de l'expert, décide de prendre la place du condamné... Ce texte dénote encore une fois l'esprit tortueux et cynique de Kafka. Voilà donc une nouvelle qui mérite d'être portée à la connaissance des lecteurs...
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Détails bibliographiques
- Titre : La métamorphose suivi de La colonnie pénitentiaire
- Titre original : Die Verwandlung
- Auteur : Franz Kafka
- Éditeur : Librio
- Traducteur : Bernard Lorthoraly
- Date de parution : Février 1994
- Nombre de pages : 95 p.
- Couverture : Dessin de Una Woodruff, extrait de Inventorum Natura
- ISBN : 2-22-30003-9
Bonjour Alcapone, c'est le texte idéal pour s'initier à Kafka (et au moins, cette nouvelle est terminée) à la différence de ses romans. Bon week-end de Pâques.
RépondreSupprimerChère Dasola,
RépondreSupprimerJe suis heureux de voir que la fonction commentaire est utile. Je l'ai justement remis en place à votre demande. Pour La métamorphose, j'ai vraiment adoré ce texte !