Le dernier stade de la soif est un "roman autobiographique fictif" où il est question de foot, d'alcool et de désillusions. Frederick Exley y raconte ses déboires qui rappellent sans doute l'oeuvre de Buckwoski. C'est lors de son premier internement en hôpital psychiatrique qu'Exley commence à rédiger ce livre (il parait en 1964). Dans ses rêves de gloire, Frederick Exley aspire à devenir un auteur célèbre mais il est malheureusement rattrapé par son alcoolisme et son état dépressif. Parfaitement conscient de son ivrogne poésie, il dit lui-même : "Je savais bien que mes prétentions intellectuelles et mes humeurs étaient irrémédiablement sombres, d'une noirceur teintée d'auto-apitoiement." (p.299). Avec lucidité, violence et cynisme, Exley confesse un "rêve américain" raté où non-dits, remords et regrets l'emportent finalement sur le combat de toute une vie : "Oui, c'était le dernier combat, et cela me rendait triste, mon dernier combat auprès de J. et également contre l'anonymat, cette lutte qui avait débuté voici tant de saisons et finissait ce jour-là ; et tandis que j'encaissais les coups du Noir, je pouvais apercevoir cette silhouette de pantin désarticulée gisant sur le brancard. Et je me battais pour une dernière raison, peut-être la plus importante entre toutes. Je me battais..." (p.425). Fervent supporter de Franck Gifford des Giants de New York, Exley vit par procuration à travers les exploits de "son équipe". Ses délires éthyliques et son anti-conformisme auront pourtant raison de lui et c'est avec une espèce de fausse humilité qu'il reconnait au bout du compte : "Que j'aie du talent ou non (...) importait peu. Malheureusement, j'avais tous les travers des gens talentueux : le besoin de m'opposer au monde matériel et incrédule, ce monde qui vous assaille de ses rires et de son scepticisme, ce monde toujours prêt à considérer comme fou celui qui ose rêver." (p.429).
Il est de ces gens pour qui la vie se résume à une lutte sans merci alors même qu'ils ont toutes les clés en main pour réussir. Il est de ce gens foncièrement pessimistes qui malgré eux, se mettent des bâtons dans les roues. C'est l'effet que m'a fait Frederick Exley dans le Dernier stade de la soif. Était-il fou ou était-il juste un alcoolique invétéré ? Je crois qu'il était les deux à la fois mais son extrême lucidité m'en a parfois fait douter... Si j'ai trouvé l'écriture d'Exley agréable, je n'ai pas vraiment compris l'émulation qu'a provoqué la sortie de la version française du Dernier stade de la soif (éditions Monsieur Toussaint Louverture) : les critiques dithyrambiques qui m'avaient persuadé de me pencher sur le texte n'ont malheureusement pas trouvé un écho aussi enthousiaste chez moi. Le roman m'a fait l'effet de lire du Buckowski en moins trash, du S. Hunter Thompson en moins déjanté, du Tom Sharpe en moins drôle, du Henri Miller en moins excitant... Bref, il m'a manqué ce truc qui aurait pu me convaincre que ce livre est un chef d'oeuvre. De plus, Le dernier stade de la soif est un pavé : il a bien failli me tomber des mains à plusieurs reprises et si ce n'était mon obstination à toujours terminer un livre commencé, probablement que je n'aurais pas été au bout. Pour autant, je comprends quelque part l'intérêt porté à ce roman et je dirais que le mieux est de se faire sa propre idée...
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- Titre : Le dernier stade de la soif
- Titre original : A Fan's Notes
- Auteur : Frederick Exley
- Éditeur : 10/18
- Traducteur : Philippe Aronson et Jérôme Schmidt
- Préface : Nick Hornby
- Date de parution : Janvier 2013
- Nombre de pages : 454 p.
- Couverture : Photo. Malinda Mills / The Shadow Company
- ISBN : 978-2-264-05743-3
"Le Dernier stade de la soif" est un ouvrage énorme qui mérite d’être élevé au rang de chef-d’œuvre.
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