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Mourir Partir Revenir, Le jeu des hirondelles - Zeina Abirached

Mettant en scène un épisode de son enfance dans le Beyrouth-Est de 1984 en pleine guerre du Liban (1975-1990), Zeina Abirached se remémore quelques moments de son enfance passés en compagnie de son frère et de ses voisins. L'immeuble de ses parents donnait à l'époque sur la ligne de démarcation qui scindait la ville en deux et redessinait un quartier méconnaissable balisé par les barils métalliques, les conteneurs, les fils barbelés et les sacs de sable. Dans cette atmosphère d'insécurité où la vie était rythmée par les cessez-le-feu, les quelques personnes qui ne s'étaient pas encore résolues à partir ou qui attendaient leur visa pour aller vivre à l'étranger, devaient "respecter une chorégraphie complexe et périlleuse" (p.15) pour traverser le quartier. A la façon d'une peau de chagrin, l'espace de vie de l'appartement de ses parents s'est peu à peu réduit pour enfin se cantonner à l'entrée. Cet espace confiné relativement épargné par les tirs d'obus était désormais devenu le lieu de rencontre quotidien des habitants de l'immeuble. Sous la protection de la précieuse tenture familiale (la fuite de Moïse et des hébreux), Zeina et son frère y attendent en compagnie des voisins, le retour de leurs parents bloqués par les tirs d'obus à quelques patés de maisons...


C'est en consultant les archives de l'INA en 2006 que Zeina Abiracheb découvre un reportage tourné à Beyrouth en 1984. Elle y voit son ancien quartier d'enfance et, dans l'entrée d'un appartement, une femme qui la bouleverse par ces quelques mots : "Vous savez, je pense qu'on est quand même, peut-être, plus ou moins, en sécurité ici." Cette femme qui n'était autre que sa grand-mère fait alors ressurgir des souvenirs qu'elle décide de mettre en images. Mourir Partir Revenir, Le jeu des hirondelles voit le jour. Zeina Abirached tire le titre de son livre d'un graffiti laissé sur un mur par un certain Florian. Son travail en noir et blanc, inexorablement comparé à celui de Marjane Satrapi (notamment Persepolis), se distingue pourtant de façon très nette : on remarque chez Zeina Abirached un trait rectiligne obsédé par la géométrie, des effets de répétition insistants et de géniaux cadrages quasi filmiques qu'on ne retrouve pas chez Marjane Satrapi. Certains pourront trouver le trait trop naïf, trop brut ou trop sombre. Je le trouve personnellement très esthétique et le préfère largement à celui de la dessinatrice franco-iranienne. Et c'est un peu comme si Zeina Abirached misait presque exclusivement sur l'image pour transmettre la peur, l'angoisse et le désespoir de ses personnages. Quant au récit peu bavard par ses textes, ne vous attendez pas à de grandes révélations sur la guerre du Liban : Le jeu des hirondelles raconte simplement le souvenir ponctuel d'une longue soirée d'attente passée à l'abri des obus dans une entrée d'appartement. Ceci dit, on sent tout au long de la lecture peser l'ombre de la guerre. Un très beau roman graphique sans fards ni artifice qui convainc par ses qualités esthétiques...


Enfin, si votre coeur vous en dit, vous pouvez acheter ce livre sur Amazon via le lien suivant : Mourir partir revenir c'est le jeu des hirondelles.

Pour en savoir plus sur la démarche de la dessinatrice, visionnez donc la vidéo ci-dessous :


Special BD: Zeina Abirached par booksmag 

Détails bibliographiques

  • Titre : Mourir Partir Revenir, Le jeu des hirondelles
  • Auteur : Zeina Abirached
  • Éditeur : Cambourakis
  • Date de parution : Janvier 2008
  • Nombre de pages :186 p.
  • ISBN : 978-2-916589-03-9
  • Crédit photographiques : © Zeina Abirached

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2 commentaires :

  1. Lorsque j'ai lu cet album, mon approche naïve du travail de l'auteur ne m'a pas permis de profiter de cette œuvre. Grâce à ton article, je découvre l'existence d'un petit film qui est le moteur de cette démarche d'auteure, le tag sur le mur... Je me suis obstinée à ne plus lire Zeina Abirached mais je crois que je vais revenir sur cette décision

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    1. Merci pour ce retour Mo. J'ai moi-même eu un premier avis mitigé après une première lecture. Mais sans en avoir identifié tout de suite la raison, j'ai tout de même été séduit par cette bande-dessinée. Une seconde lecture plus attentive m'a permis de saisir toute l'originalité du traitement graphique de Zeina Abirached. En l'occurrence, Le jeu des hirondelles serait pour moi, matière à un excellent storyboard. Je continue donc à fouiller les travaux de la dessinatrice pour confirmer ou non ces premières impressions de lecture...

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