Jamon Paz rêve d'une vie qui ne serait pas la sienne. Une vie qui ne serait faite ni de désillusions, ni de tristesse. Par lâcheté ou par désespoir, il voudrait mourir sans le vouloir vraiment. Seuls, les moments qu'il passe avec ses amis à jouer au foot, le désintoxiquent de sa vie désespérée. Peu importe qu'il soit mauvais footballer, le plaisir de rigoler avec les copains compense les peines et les frustrations liés à ses déboires conjugaux. Jusqu'à ce fameux jour où il marque un but. Les flics débarquent en plein match et réquisitionnent toute l'équipe pour un sport bien différent : celui de la pêche au grand surubi. Ce jour de gloire éclipsé par la concrétisation du rêve prémonitoire de Ramon, marque le début d'une obscure odyssée : enrôlés de force par l'armée argentine, les jeunes gens doivent partir à la chasse du légendaire poisson-chat pour nourrir la population affamée de Buenos Aires. Lorsque Ramon est embrigadé pour la pêche au surubi, il se sent allégé mais son soulagement fait vite place à la surprise puis à la peur. Ne croyant qu'à moitié aux légendes qui circulent autour du géant marin, Ramon réalise soudain à la vue de l'oeil de la bête, qu'il s'agit bien d'un monstre dont la puissance doit être incroyable. La difficile partie de pêche qui s'engage ressemble plus à une âpre lutte entre les hommes et l'animal. A la différence du merveilleux combat de Santiago avec le merlin d'Ernest Hemingway (cf. Le vieil homme et la mer, l'un des premiers livres qui m'aient donné le goût de la lecture), celui des argentins contre le grand surubi n'a rien d'une pêche même sportive. Il verse dans l'horreur lorsque les cheftains décident de changer d'appâts... Mettant sa poésie au service de ce beau et sombre récit, Pedro Mairal prête à son héros désabusé les mots suivants : "Mon récit est simple et ne prétend pas, Devenir une fable ou tout comprendre, Je veux juste raconter ce que je vis. Le fleuve, dieu, la mort, le Surubi." Magnifié par les inquiétantes illustrations de Jorge Gonzales, El Gran Surubi convie le lecteur à une incroyable et sinistre partie de pêche... Un hallucinant voyage poétique et graphique qui confirme que les monstres à abattre ne sont pas toujours ceux que l'on croit...
Pour raconter l'histoire d'El gran surubi, Pedro Mairal a choisi de découper son récit en six chapitres composés chacun de dix sonnets (soit soixante sonnets au total). Cette technique narrative à laquelle je n'ai jamais eu l'occasion de me frotter à part pour L'Illiade et l'Odyssée d'Homère, est parfaitement maîtrisée par l'auteur argentin : en seulement quelques courts sonnets, il parvient avec brio à développer une intrigue romancée bien ficelée qui pique très vite la curiosité du lecteur. Le travail d'illustration de Jorge Gonzales vient couronner le tout en apportant une dimension troublante par des dessins dont j'apprécie particulièrement le traitement sur le contraste des lumières et le travail sur les couleurs. En outre, si le récit d'El gran surubi peut s'apprécier d'un point de vue purement textuel, la plus-value apportée par les illustrations de Jorge Gonzales et le superbe travail de mise en page réalisé par les éditions Les Rêveurs, subliment cette fiction. Mais l'agréable surprise relative à la découverte de ce bel ouvrage illustré ne s'arrête pas là car pour les lecteurs hispanophones, notons que l'édition proposée est bilingue. Cette intention qui met intelligement en valeur le difficile travail du traducteur (en l'occurrence Thomas Dassance pour la présente traduction), méritait également d'être soulignée. Pour ces raisons, El gran surubi est assurément un livre peu conventionnel qui trouvera j'en suis sûr, une belle place sur vos étagères.
Pour raconter l'histoire d'El gran surubi, Pedro Mairal a choisi de découper son récit en six chapitres composés chacun de dix sonnets (soit soixante sonnets au total). Cette technique narrative à laquelle je n'ai jamais eu l'occasion de me frotter à part pour L'Illiade et l'Odyssée d'Homère, est parfaitement maîtrisée par l'auteur argentin : en seulement quelques courts sonnets, il parvient avec brio à développer une intrigue romancée bien ficelée qui pique très vite la curiosité du lecteur. Le travail d'illustration de Jorge Gonzales vient couronner le tout en apportant une dimension troublante par des dessins dont j'apprécie particulièrement le traitement sur le contraste des lumières et le travail sur les couleurs. En outre, si le récit d'El gran surubi peut s'apprécier d'un point de vue purement textuel, la plus-value apportée par les illustrations de Jorge Gonzales et le superbe travail de mise en page réalisé par les éditions Les Rêveurs, subliment cette fiction. Mais l'agréable surprise relative à la découverte de ce bel ouvrage illustré ne s'arrête pas là car pour les lecteurs hispanophones, notons que l'édition proposée est bilingue. Cette intention qui met intelligement en valeur le difficile travail du traducteur (en l'occurrence Thomas Dassance pour la présente traduction), méritait également d'être soulignée. Pour ces raisons, El gran surubi est assurément un livre peu conventionnel qui trouvera j'en suis sûr, une belle place sur vos étagères.
Enfin, je voudrais grandement remercier Babelio et les éditions Les Rêveurs qui m'ont témoigné leur confiance en m'offrant ce livre et en me confiant la rédaction de sa chronique (Opération Masse Critique).
- Titre : El Gran Surubi
- Auteur : Pedro Mairal
- Dessinateur : Jorge Gonzales
- Traducteur : Thomas Dassance
- Éditeur : Les Rêveurs
- Date de parution : 2013
- Nombre de pages : 137 p.
- ISBN : 979-10-91476-43-0
- Crédits photographiques : © Jorge Gonzales pour El Gran Surubi
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