Alors que la première guerre mondiale éclate, Adrien Fournier, un bel ingénieur officier, est envoyé en reconnaissance dans la Meuse. Blessé au visage par un éclat d’obus dès le premier jour de sa mission, il est envoyé au Val de Grâce pour se faire soigner. Confinés dans la chambre des suppliciés pendant 5 ans, Fournier fait partie désormais des gueules cassées". Son histoire est celle d’un homme dont tous les espoirs sont liées à ses fidèles camarades de chambrée.
Ce
récit exulte par la simplicité et la beauté de ses mots, le parcours de
ces hommes brisés par l’horreur de la guerre. N’ayant d’autre choix que
de mener un combat intérieur, ceux qui sont désormais surnommés les
gueules cassées n’ont plus rien à perdre. Et pourtant, dans cette
chambre des officiers, rien n’a plus de sens que le camarade de chambrée
dont la greffe du visage a tenu ou la parole d’un autre qui est
revenue. Victoire encore pour celui qui refuse de se suicider. Rien dans
ce texte n’est pathétique ou dramatique. Au contraire, c’est une
véritable ôde à l’amitié, à la fidélite et à la solidarité.
Écrit à la mémoire de Eugène Fournier, le grand-père maternel de Marc Dugain, ce roman m’a énormément touchée. Il s’en dégage une vérité d’un autre temps que nous avons tout intérêt à garder présent dans notre mémoire...
Extraits :
"Elle me traite comme un simple d’esprit. C’est sans doute parce que je bave. Un homme qui bave est forcément un innocent." p.36
"Ceux qui vont me rejoindre vont avoir des souvenirs de combat, de corps à corps, de grandes offensives, alors que j’ai été abattu sans avoir croisé le feu, ni même le regard de l’ennemi, et que je ne pourrai jamais raconter à mes enfants à quoi ressemble un allemand. Je devrais inventer les moustaches et le casque à pointe." p.42
"C’est une étrange sensation que de se sentir à sa propre merci. Un moment privilégié pour comprendre à quel point l’existence se déroule dans la peur de la fin." p.64
Auteur : Marc Dugain
Éditeur : Pocket
Date de parution : Décembre 1999
Couverture : Illustration de Marie Roubenne
Nombre de pages : 171 p.
Dédicace : A Eugène Fournier
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