Comme vous le savez sans doute, dans le cadre de la rétrospective sur l’oeuvre d’Hugo Pratt proposée à la Pinacothèque de Paris, Babelio a lancé un challenge autour des itinéraires de Corto Maltese. Comme une piqûre de rappel à l’un de mes héros préférés, cela m’a donné envie de relire Les éthiopiques...
Ainsi que l’explique Didier Platteau dans son introduction à la BD, Les éthiopiques
retracent la rencontre de Corto avec Cush, ce guerrier couchite dévoué à
la cause du Mullah dans la Corne d’Afrique. Nous sommes entre 1916 et
1918 : alors que les puissances coloniales italienne, française,
britannique et allemande occupent la Corne de l’Afrique, Corto Maltese
débarque au Yémen, traverse la Somalie et l’Ethiopie pour finir sa
course en Afrique orientale allemande (actuelle Tanzanie). Parti sur les
traces d’Arthur Rimbaud qui a abandonné la poésie pour se convertir
dans le trafic d’armes, notre héros fera la rencontre de personnages aux
cultures diverses dont il deviendra un ami...
De
tous les périples de Corto Maltese que j’ai lu, celui-ci a une
résonnance particulière : ayant voyagé dans la Corne d’Afrique, j’ai
tout comme Hugo Pratt
et Corto Maltese, marché dans les pas de Rimbaud, notamment au Yémen à
Aden où la légende voudrait qu’il ait fait du commerce de café dans l’un
des hôtels aujourd’hui miteux de la ville. Les bergers, nomades ou
chefs de tribus rencontrés lors de ces voyages m’ont toujours évoqué Les éthiopiques et c’est avec d’autant plus d’enthousiasme que je redécouvre Hugo Pratt au travers de cette oeuvre.
Extraits d’Une saison en enfer - Rimbaud
Extraits d’Une saison en enfer - Rimbaud
Ma journée est faite ; je quitte l’Europe. L’air marin brûlera mes poumons ; les climats perdus le tanneront. Nager, broyer l’herbe, chasser, fumer surtout ; boire des liqueurs fortes comme du métal bouillant, - comme faisaient ces chers ancêtres autour du feu. Je reviendrai avec des membres de fer, la peau sombre, l’oeil furieux : sur mon masque, on me jugera d’une race forte. J’aurai de l’or : je serai oisif et brutal.Malgré une narration très elliptique, les graphismes de Pratt ont de quoi me séduire, tout comme les répliques de vieux loup des mers de Corto. Je ne résiste d’ailleurs pas à la tentation d’en partager quelques unes :
- Corto, maudit bâtard infidèle, fils de scorpion.. La sourate 115 du « Maltese » n’existe pas dans le Coran. Il y en a 114... Celle qui te concerne n’a pas encore été écrite. - Ca va, ne te fâche pas, El Oxford, et puis ne me traite pas d’infidèle... A Malte, nous sommes tous un peu sarrasins. p.18Ou encore :
- Comment oses-tu, chien infidèle?... Je suis Simbad le Marin et je vais où il me plaît, maudit écossais aux jambes tordues, fils d’une mangeuse de chardons ! p.36Et enfin, juste pour l’hommage au dessinateur :
Auteur : Hugo Pratt
Titre : Les éthiopiques
Editions : Casterman
Date de parution : 1978
Nombre de pages : 102 p.
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