L’origine des espèces, ouvrage largement controversé, fait partie de ces livres qui ont révolutionné le monde intellectuel. Partant de l’idée que les espèces n’ont pas été créées indépendamment les unes des autres mais qu’elles descendent d’autres espèces soumises à des différences interindividuelles susceptibles d’être transmises aux descendants (variations), Charles Darwin tente de prouver que les espèces sont le produit d’une évolution et non seulement un caractère définitif. En admettant que les variations peuvent s’expliquer en partie par les conditions extérieures (climat, alimentation...), Darwin montre que celles-ci sont également le résultat d’une coadaptation des êtres vivants tenant compte de leurs conditions de vie. Si l’on sait aujourd’hui que les résultats des mutations ne relèvent pas de modifications liées à l’environnement, cet ouvrage, résultat d’un long travail d’observation et d’expériences, est une oeuvre de référence dans l’histoire des sciences.
Publié dans sa première édition en 1858, L’origine des espèces a depuis sa sortie, provoqué de nombreuses polémiques (6 éditions successives). La présente édition introduite par Jean-Marc Drouin, tente de rendre le sens initial du texte (1ere édition) par une reconstitution du texte original (suppression de passages ajoutés au fil des éditions successives et ajout de traduction de passages supprimés par Darwin dans les différentes éditions). Comparé à juste titre à Copernic ou Galilée (cf. également La vie de Galilée de Berthold Brecht) qui ont en leur temps bouleversé les mentalités et secoué l'église, Darwin démontre que l’homme n’est pas un être divin et qu'il est le résultat d’une évolution laborieuse fondée sur la survie de l’espèce. A une époque où le monde est en pleine mutation (progrès technique dans de nombreux domaines tels que l’industrie, le commerce, la médecine...), ceux qu’on appelait les découvreurs, les explorateurs et les savants se multiplient. La botanique, l’entomologie, la biologie, le géologie.. se développent à toute vitesse. On assiste d’ailleurs à une véritable révolution industrielle qui a durablement laissé son empreinte dans nos sociétés modenes. Darwin tout comme ses contemporains et adversaires Linné (nomenclature binomiale), Lamarck (théorie de l’hérédité des caractère acquis) et bien d’autres, préfigurent l’avènement de nouvelles sciences..
Lire aujourd’hui L’origine des espèces permet d’appréhender avec recul les théories d’un autre temps. Bien sûr, le travail de Darwin n’est pas celui d’un seul homme mais il faut reconnaître au savant qu’il a marqué les esprits. De nos jours, tout le monde a fort probablement déjà entendu parler de la « sélection naturelle », de la « lutte pour l’existence », de la « loi sur la variation », de la « théorie de la descendance avec modification »... mais finalement, L’origine des espèces attire de nos jours peu de lecteurs car nous avons tous l’impression de déjà connaître le travail de Darwin. Pourtant, l’évolutionisme darwinien ne se réduit pas à l’idée que l’homme descend du singe. Non, ce n’est pas exactement ce qu’avance Darwin d’autant qu’il reconnait volontiers que certains de ses résultats sont réfutables et que la recherche dans le domaine reste encore à approfondir. Le propos du naturaliste est en effet modéré, illustré, argumenté. Darwin marche sur des oeufs car il a conscience que ses détracteurs l’attendent au tournant. A lire L’origine des espèces, on se sent comme plongé dans un vieux laboratoire fleurant le chloroforme... On se prend aussi à imaginer toutes sortes d’instruments étranges ou horribles qui peuplent les récits de la littérature steampunk. Sauf qu’il s’agit bien ici de science. On peut reprocher à Darwin sa démarche toute empirique et l’inexactitude de ses théories mais on ne peut sans doute pas récuser son intuition. Les questions qu’il soulève, relevaient jusqu’alors de l’indiscutable mais il a su se montrer critique et même convaincant : pourquoi l’Homme serait-il le sommet du règne animal ? Pourquoi certaines espèces ont disparu à la faveur de nouvelles espèces ? Qu’en est-il des caractères héréditaires ? Quelles lois régissent les différents règnes ? Quelles différences existe t-il entre les genres, les espèces, les sous-espèces, les variétés ? Quelle classification est-elle la plus pertinente ? Et bien d’autres questions encore... Darwin est un spécialiste insatiable dont l’ambition a guidé les pas vers la postérité. Si la plupart des gens prennent pour acquis les principes de la génétique, n’oublions pas que nous lui devons en partie la découverte de cette science. Alors lire cet ouvrage est un peu pour moi rendre hommage à l’immense travail d’observation et d’expérimentation de son créateur.
Evidemment, on ne lit pas L’origine des espèces comme on lirait un roman : les innombrables descriptions des expériences peuvent lasser le lecteur mais d’après moi, l’intuition de Darwin constitue aussi ce qui a fait le succès de son oeuvre. L’espèce de naïveté qui par ailleurs se dégage du texte est plaisant et le style parfaitement accessible. La seule difficulté que m’a posé cette lecture, reste l’utilisation excessive des termes espèce, famille, genre, ordre et classe qui a parfois brouillé ma compréhension. Ceci dit, c’est toujours agréable et passionant de se pencher sur des textes de référence...
Pour ceux qui voudraient tenter cette lecture, notez que L’origine des espèces est accessible gratuitement via le site ebooksgratuits ou sur le site InLibroVeritas.
Et pour ceux qui voudraient se procurer le livre via Amazon, rendez-vous sur le lien suivant : L'Origine des espèces
Extraits :
Introduction de Jean-Marc Drouin
I - Histoire naturelle et théorie de l’évolution avant Darwin
II - Esquisse biograhique
III - Querelles et controverses
Table des matières
Chapitre I : De la variation à l’état domestique
Chapitre II : De la variation à l’état de nature
Chapitre III : La lutte pour l’existence
Chapitre IV : La sélection naturelle
Chapitre V : Des lois de la variation
Chapitre VI Difficultés de la théorie
Chapitre VII : Instinct
Chapitre VIII : Hybridité
Chapitre IX : Insuffisance des archives géologiques
Chapitre X : De la succession généalogique des êtres organisés
Chapitre XI : Distribution géographique
Chapitre XII : Distribution géographique (suite)
Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés : morphologie ; embryologie, organes rudimentaires
Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion
Lire aujourd’hui L’origine des espèces permet d’appréhender avec recul les théories d’un autre temps. Bien sûr, le travail de Darwin n’est pas celui d’un seul homme mais il faut reconnaître au savant qu’il a marqué les esprits. De nos jours, tout le monde a fort probablement déjà entendu parler de la « sélection naturelle », de la « lutte pour l’existence », de la « loi sur la variation », de la « théorie de la descendance avec modification »... mais finalement, L’origine des espèces attire de nos jours peu de lecteurs car nous avons tous l’impression de déjà connaître le travail de Darwin. Pourtant, l’évolutionisme darwinien ne se réduit pas à l’idée que l’homme descend du singe. Non, ce n’est pas exactement ce qu’avance Darwin d’autant qu’il reconnait volontiers que certains de ses résultats sont réfutables et que la recherche dans le domaine reste encore à approfondir. Le propos du naturaliste est en effet modéré, illustré, argumenté. Darwin marche sur des oeufs car il a conscience que ses détracteurs l’attendent au tournant. A lire L’origine des espèces, on se sent comme plongé dans un vieux laboratoire fleurant le chloroforme... On se prend aussi à imaginer toutes sortes d’instruments étranges ou horribles qui peuplent les récits de la littérature steampunk. Sauf qu’il s’agit bien ici de science. On peut reprocher à Darwin sa démarche toute empirique et l’inexactitude de ses théories mais on ne peut sans doute pas récuser son intuition. Les questions qu’il soulève, relevaient jusqu’alors de l’indiscutable mais il a su se montrer critique et même convaincant : pourquoi l’Homme serait-il le sommet du règne animal ? Pourquoi certaines espèces ont disparu à la faveur de nouvelles espèces ? Qu’en est-il des caractères héréditaires ? Quelles lois régissent les différents règnes ? Quelles différences existe t-il entre les genres, les espèces, les sous-espèces, les variétés ? Quelle classification est-elle la plus pertinente ? Et bien d’autres questions encore... Darwin est un spécialiste insatiable dont l’ambition a guidé les pas vers la postérité. Si la plupart des gens prennent pour acquis les principes de la génétique, n’oublions pas que nous lui devons en partie la découverte de cette science. Alors lire cet ouvrage est un peu pour moi rendre hommage à l’immense travail d’observation et d’expérimentation de son créateur.
Evidemment, on ne lit pas L’origine des espèces comme on lirait un roman : les innombrables descriptions des expériences peuvent lasser le lecteur mais d’après moi, l’intuition de Darwin constitue aussi ce qui a fait le succès de son oeuvre. L’espèce de naïveté qui par ailleurs se dégage du texte est plaisant et le style parfaitement accessible. La seule difficulté que m’a posé cette lecture, reste l’utilisation excessive des termes espèce, famille, genre, ordre et classe qui a parfois brouillé ma compréhension. Ceci dit, c’est toujours agréable et passionant de se pencher sur des textes de référence...
Pour ceux qui voudraient tenter cette lecture, notez que L’origine des espèces est accessible gratuitement via le site ebooksgratuits ou sur le site InLibroVeritas.
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Ordinairement le terme espèce implique l’élément inconnu d’un acte de création distinct. Il est presque aussi difficile de définir le terme variété ; toutefois, ce terme implique presque toujours une communauté de descendance, bien qu’on puisse rarement fournir les preuves. Nous avons aussi ce que l’on nomme monstruosités ; mais elle se confondent avec les variétés. En se servant du mot monstruosité, on veut dire, je pense, une déviation considérable de conformation, ordinairement nuisible ou tout au moins peu utile à l’espèce. p.92 (De la variation à l’état de nature)
Introduction de Jean-Marc Drouin
I - Histoire naturelle et théorie de l’évolution avant Darwin
II - Esquisse biograhique
III - Querelles et controverses
Table des matières
Chapitre I : De la variation à l’état domestique
Chapitre II : De la variation à l’état de nature
Chapitre III : La lutte pour l’existence
Chapitre IV : La sélection naturelle
Chapitre V : Des lois de la variation
Chapitre VI Difficultés de la théorie
Chapitre VII : Instinct
Chapitre VIII : Hybridité
Chapitre IX : Insuffisance des archives géologiques
Chapitre X : De la succession généalogique des êtres organisés
Chapitre XI : Distribution géographique
Chapitre XII : Distribution géographique (suite)
Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés : morphologie ; embryologie, organes rudimentaires
Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion
- Titre : L’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie
- Titre original : On the Origin of the Species by Means of Natural Selection or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for life
- Auteur : Charles Darwin
- Editions : GF-Flammarion
- Date de parution : 1992
- Nombre de pages : 604 p.
- Couverture : Tortue marine. Dessin de Aloys Zötl, 1867
- ISBN : 2-08-070685-3
Texte établi par Daniel Becquemart à partir de la traduction de l’anglais d’Edmond Barbier. Introduction, chronologie, bibliographie par Jean-Marc Drouin.
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