Ainsi que se plaisait à le dire Claude Lévi-Strauss, "l'ethnologie représente un peu pour les sciences humaines ce que fut, à ses débuts, l'astronomie pour les sciences physiques encore à naître. Les sociétés que nous étudions sont comme des objets situés très loin de nous dans le temps et dans l'espace. De ce fait, nous ne pouvons apercevoir que leurs propriétés essentielles. A force d'étudier ainsi de loin en loin un grand nombre de sociétés, je crois que nous arrivons mieux à dégager certains caractères fondamentaux de la société humaine en général." En bon spécialiste qu'il était, le célèbre ethnologue a durablement inscrit sa pensée structuraliste (ou structuralisme) dans l'anthropologie sociale et culturelle. Le fait de se baser sur le modèle linguistique et de considérer les civilisations comme un ensemble formel de relations, permet à l'anthropologue de rapporter le problème de l'inégalité des races humaines à l'inégalité ou diversité des cultures humaines. Comprendre comment les cultures humaines diffèrent entre elles revient donc à accepter le fait qu'elles ne diffèrent pas de la même façon, ni sur le même plan (p.13) par exemple dans le temps et dans l'espace. Ainsi, l'ethnocentrisme, réaction naturelle qui consiste à privilégier les valeurs et les formes culturelles du groupe auxquel on appartient, contribue selon Claude Lévi-Strauss à la différenciation "raciale" fondée sur un évolutionnisme biaisé (voir aussi la théorie de l'évolution de Darwin dans L'origine des espèces) : "l'homme ne réalise pas sa nature dans une humanité abstraite, mais dans des cultures traditionnelles où les changements les plus révolutionnaires laissent subsister des pans entiers et s'expliquent eux-mêmes en fonction d'une situation strictement définie dans le temps et dans l'espace." (p.23). Appuyant son argumentaire sur des exemples précis, l'anthropologue se penche sur les cultures considérées comme archaïques et primitives en faisant le lien avec l'histoire (histoire stationnaire et histoire cumulative). Démontrant ensuite qu'il n'existe pas de civilisation mondiale au sens absolu du terme mais plutôt une coexistence de cultures diverses, l'auteur poursuit en disant que "la civilisation mondiale ne saurait être autre chose que la coalition, à l'échelle mondiale, de cultures préservant chacune son originalité." (p.77). et conclut en déclarant que "la tolérance n'est pas une position contemplative, dispensant les indulgences à ce qui fut ou ce qui est. C'est une attitude dynamique qui consiste à prévoir, à comprendre et à promouvoir ce qui veut être. La seule exigence que nous puissions faire valoir à son endroit (créatrice pour chauqe individu des devoirs correspondants) est qu'elle se réalise sous des formes dont chacune doit une contribution à la plus grande générosité." (p.85).
Le questionnement de Claude Lévi-Strauss sur la civilisation occidentale et son rapport à la civilisation dans son ensemble s'impose comme une lecture utile pour qui veut s'initier au structuralisme en anthropologie sociale et culturelle. Bien que le problème du racisme soit abordé indirectement (Claude Lévi-Strauss attaque par exemple le sujet par le biais de la philosophie en opposant nature et culture), la finalité de Race et histoire est bien de combattre les préjugés sur le racisme (cf. critique de la pensée raciale de Joseph-Arthur de Gobineau). Si j'ai parfois eu le sentiment que Lévi-Strauss avait tendance à s'éloigner du propos scientifique (cf. plus haut dernière phrase de l'essai correspondant à la p.85), ce texte reste toutefois à découvrir.
La présente édition propose en seconde partie une étude de L'oeuvre de Lévi-Strauss par Jean Pouillon (analyse pour une grande partie du texte de Tristes tropiques).
Note de l'éditeurLe questionnement de Claude Lévi-Strauss sur la civilisation occidentale et son rapport à la civilisation dans son ensemble s'impose comme une lecture utile pour qui veut s'initier au structuralisme en anthropologie sociale et culturelle. Bien que le problème du racisme soit abordé indirectement (Claude Lévi-Strauss attaque par exemple le sujet par le biais de la philosophie en opposant nature et culture), la finalité de Race et histoire est bien de combattre les préjugés sur le racisme (cf. critique de la pensée raciale de Joseph-Arthur de Gobineau). Si j'ai parfois eu le sentiment que Lévi-Strauss avait tendance à s'éloigner du propos scientifique (cf. plus haut dernière phrase de l'essai correspondant à la p.85), ce texte reste toutefois à découvrir.
La présente édition propose en seconde partie une étude de L'oeuvre de Lévi-Strauss par Jean Pouillon (analyse pour une grande partie du texte de Tristes tropiques).
En 1952, l'Unesco publiait une série de brochures consacrées au problème du racisme dans le monde. Parmi celles-ci, Claude Lévi-Strauss donnait avec Race et histoire, un court essai qui dépassait de beaucoup son sujet pour introduire à une réflexion nouvelle sur la culture occidentale, le sens de la civilisation, le caractère aléatoire du temps historique, etc. En fait, c'était déjà quelques-uns des principes de la pensée actuelle de l'auteur qui, sans technicité exagérée et dans une langue toujours claire et précise, s'y trouvait formulés. Mais, à l'époque, Lévi-Strauss qui avait publié trois ans auparavant Les structures élémentaires de la parenté était connu des seuls spécialistes; il était encore le Professeur Claude Lévi-Strauss. Aujourd'hui, il est devenu le maître du structuralisme dont le nom est connu d'un large public.
Pour vous procurer le livre via Amazon, rendez-vous vers le lien suivant : Race et histoire.
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- Titre : Race et histoire
- Auteur : Claude Levi-Strauss
- Suivi de : L'oeuvre de Lévi-Strauss de Jean Pouillon
- Éditeur : Folio
- Collection : Essais
- Date de parution : Janvier 1989
- Nombre de pages : 127 p.
- Couverture : Peinture rupestre, Pech-Merle
- ISBN : 2-07-032413-3
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