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Le soleil et l'acier - Yukio Mishima

Le soleil et l'acier est indéniablement le fruit d'un esprit torturé. Yukio Mishima invente avec ce titre ce qu'il a appelé la critique confidentielle : "J'y vois un genre crépusculaire à mi-chemin entre la nuit des confessions et le grand jour de la critique. Le "je" qui va m'occuper ne sera pas le "je" qui se rapporte strictement à l'histoire de ma personne, mais autre chose, ce qui reste après que tous les autres mots que j'ai proférés ont fait retour en moi, quelque chose qui ne se rapporte ni ne fait retour à mo-même." (p.9). Qu'entend donc Mishima par ces quelques explications, lui qui considère les mots comme "un moyen de réduire la réalité en abstraction afin de la transmettre à notre raison, et leur pouvoir d'attaquer la réalité dissimule inéluctablement le danger latent que les mots soient eux aussi attaqués." (p.11) ? C'est après avoir découvert le soleil et l'acier que lui vient cette étrange révélation qui mêle souffrance (sado-masochisme pourrait-on dire), esthétisme et mort. Mishima prend soudain conscience de son corps. De son enfance marquée par la tyrannie des mots, il comprend désormais que la culture physique est le moyen ultime d'échapper aux mots et de nourrir l'esprit. Mais pourquoi ? Chez Mishima, tout obéit à une impulsion romantique régie par la beauté de l'art et le penchant pour la tragédie. L'auteur déroule son discours, revient en arrière, se projette de nouveau dans le courant tourbillonnant de ses pensées. S'il a conscience que ses réflexions sont difficilement compréhensibles, il ne perd pas de vue son principal objectif et travaille consciencieusement à la mise en scène finale de son suicide par seppuku (1970). Signe d'un esprit irrémédiablement tourmenté et perfectionniste, la démarche toute personnelle de Mishima a durablement marqué les esprits. La lecture du Soleil et l'acier constitue une étape déterminante dans la compréhension de cette fascinante figure de la littérature japonaise...


Les concepts définis par Mishima sont difficiles à saisir : sa façon de les exprimer et de leur donner vie, dérouteront certainement le lecteur non averti. De Mishima, je n'avais lu que le recueil de nouvelles Dojoji et autres contes. J'y sentais déjà les signes d'un esprit complexe et tourmenté et cette lecture apporte un éclairage assez troublant sur la personnalité de Mishima. Malgré sa petite centaine de pages, Le soleil et l'acier mérite une seconde lecture. Si la traduction m'a parfois paru maladroite, le texte justifie largement l'intérêt porté à l'oeuvre de Mishima. Je pense pour ma part que l'auteur n'a pas fini de m'étonner. C'est donc avec enthousiasme que je me lancerai dans une découverte plus approfondie de son travail...

La superbe photo qui illustre la première de couverture est extraite de Rites d'amour et de mort. Pour les curieux, ce film de Mishima est visionnable librement sur Daily Motion en deux parties (Part. 1 et Part. 2).

Le livre est par ailleurs disponible sur Amazon via le lien suivant : Le Soleil et l'acier.

  • Titre : Le soleil et l'acier
  • Titre original : Sun and steel
  • Auteur : Yukio Mishima
  • Traducteur : Tanguy Kenec'hdu
  • Collection : Folio
  • Date de parution : Avril 2009
  • Nombre de pages : 120 p.
  • Couverture : Yukio Mishima et Yoshiko Tsuruoka dans Rites d'amour et de mort, film de Yukio Mishima
  • Photo : Collection Cahiers du cinéma
  • ISBN : 978-2-07-038737-3

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2 commentaires :

  1. Il a quand même tourné le film où il met en scène sa propre mort...un grand dingue, je l'adore.

    Sinon, l'éditeur Camion Noir vient de publier une biographie (400 pages au moins) de Mishima. Notamment son seppuku après le discours royalement foiré quand il a pris en otage le chef de l'état-major des forces d'autodéfense japonaises. Je compte bien me le procurer.

    Merci en tout cas de l'avoir résumé, je me sentais un peu seul!

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  2. Je note la référence aux éditions du Camion Noir. Merci pour l'info. Je guette le billet sur QLTL !

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