Ulysse from Bagdad, raconte le
voyage de Saad, un jeune Bagdadi fuyant la dictature de Saddam Hussein.
Alors que Saad était promis à un avenir brillant, sa vie bascule dans
l'horreur : avec la guerre Iran-Irak (1980-1988) et la seconde guerre du Golfe
(1990-1991) sanctionnée par le blocus américain sur le pays, Saad voit
mourir ses proches les uns après les autres. Saad qui signifie "triste"
ou "espoir" selon si l'on retient la traduction anglaise ou arabe,
décide de braver tous les obstacles pour aller s'installer à Londres. Il
espère y trouver un asile où il pourra travailler pour subvenir aux
besoins de sa famille restée en Irak. Apprenti terroriste, puis
transporteur d'antiquités à Bagdad, gigolo de fortune au Caire, fiancé
en Sicile, accueilli en France par les partisans du combat pour les
sans-papiers, Saad poursuit sans relâche un rêve qui ne cessera de
l'obséder. A travers cet exil, il cherche un sens à sa vie, lui qui
désormais n'est plus qu'un clandestin. Aidé durant son périple par les
apparitions de son père, Saad mène un combat dont l'issue ne dépendra
que de lui. De tout ce qui constitue le quotidien des clandestins : la
faim, la pauvreté, les interrogatoires, les passages à tabac,
l'humiliation, le racisme, rien n'est épargné au jeune homme. Pourtant
la réponse à ses souffrances, se trouve en lui. Il n'appartient qu'à lui
de choisir sa destinée : celle d'un Saad triste ou celle d'un Saad, qui
symboliserait l'espoir...
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Extraits
« Chez nous, les palmiers donnent le mauvais exemple. Comment le palmier pousse t-il, en effet ? Il ne s'élève vers le ciel que si on en coupe ses parties basses ; à ce prix, il grimpe et règne, majestueux, dans le ciel bleu. Chaque souverain arabe se prend pour un palmier ; afin de se dresser et de se développer, il se coupe du peuple, s'en détache, s'en éloigne. Le palmier favorise le despotisme. » p.27
« Si je résume la différence entre nous deux, fils, moi je suis un optimiste qui dit "demain" et toi tu es un optimiste qui dit "là-bas". Tu as l'optimisme déployé dans l'espace alors que moi je l'ai planté dans le temps.- Ne minimise pas la distance entre ton attitude et la mienne. Ton optimisme sédentaire, c’est le fatalisme.- Et ton optimisme nomade, c'est la lâcheté de la fuite." p.74
« Fils, tu ne discutes pas avec un terroriste, tu prêtes l'oreille en approuvant de la tête. D’ailleurs, ça ne dialogue pas, un terroriste, ça monologue. » p.86
« Écoute l'ami, dans l'espèce humaine, il n'y a que deux sortes d'hommes : ceux qui s'en veulent et ceux qui en veulent aux autres. Toi, tu appartiens aux premiers ; tu fonces et tu ne t'en prends qu'à toi même si tu échoues. Moi, par malheur, je grossis le troupeau des derniers, les hommes du ressentiment, ceux qui critiquent la Terre entière. Je cause beaucoup mais j’agis peu. » p.209
« Papa, qui sont les barbares ? Ceux qu'on estime inférieurs ? Ou ceux qui s’estiment supérieurs ? »
« Car les hommes tentent, pour oublier le vide, de se donner de la consistance, de croire qu'ils appartiennent pour des raisons profondes, immuables, à une langue, une nation, une région, une race, une morale, une histoire, une idéologie, une religion. (...) Les identités qu'il (l'homme) cumule et qui lui accordent de la densité, il sait au fond de lui qu'il s'est borné à les recevoir, puis à les transmettre. Il n’est que le sable qu’on a versé en lui ; de lui-même il n’est rien. » p.232
« Pour établir une fratrie, il faut décider qui en fait partie. En circonscrivant un ensemble d'êtres solidaires qui s'entraideront quoi qu'il arrive, il faut aussi désigner ceux qui seront tenus à l'écart et n'y appartiendront pas. Bref, il faut tracer des limites. Dès que tu dis "fraternité", tu contredis "égalité", les deux termes s'annulent ! On en revient toujours là : à la frontière. Il n’y a pas de sociétés sans un tracé de frontière. » p.242
Épigraphe :
Détails bibliographiques
- Titre : Ulysse from Bagdad
- Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt
- Editions : Livre de poche
- Date de parution : Septembre 2010 (2008 chez Albin Michel pour première parution)
- Nombre de pages : 280 p.
- Couverture : Johannes Grau / Plainpicture / Stockwerk
Merci
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