17ème siècle. Un château dans les Carpates. Une comtesse hongroise. Erzsébet Bathory,
ou celle que l’on nomme aussi la "Dame sanglante", cache un mystère que
nous ne parviendrons jamais à éclaircir. Cette femme au destin plus que
sombre, n’a jamais cessé d’alimenter l’imaginaire des hommes et c’est
sous l’apparence d’un vampire humain (bien réel celui-là) qu’elle commet
les atrocités les plus barbares. C’est elle qui aurait réinstauré
l’utilisation de la célèbre vierge de fer, que nombre de tortionnaires ont repris à leur compte (voir aussi l’imagerie qu’elle véhicule avec le groupe Iron Maiden
qui s’est appelé ainsi en son hommage). Les chambres de torture dans
lesquelles elle assassina quelques 600 jeunes filles sont la preuve de
son esprit tortueux pourtant lucide. Si les gens se plaisent à la
dépeindre comme un monstre tuant de sang froid (ce qui est avéré), on
oublie souvent que c’était avant tout une femme qui aurait fait
n’importe quoi pour conserver sa beauté. Cette quête de jouvence
éternelle aurait vraisemblablement motivé ses crimes. Et certains
pensent que ses crises d’hystérie incontrôlables auraient expliqué ses
actes. Peut-être. Mais les recours qu’elle fit à la sorcellerie et les
raffineries de son sadisme, ne sont sûrement pas la preuve d’un esprit
malingre.
Erzsébet Bathory |
Valentine Penrose
nous propose ici une biographie méticuleusement documentée. Partie
jusqu’en Hongrie sur les traces de la comtesse, l’auteure découvre au
fil de ses recherches des documents et archives aujourd’hui
introuvables. Publiée pour la première fois en 1962 aux éditions Mercure de France,
cette investigation rondement menée par Valentine Penrose, lève le
voile sur quelques secrets infâmes de cette femme aux migraines
dangeureuses.
Château de Csejthe |
Cette
biographie aussi fascinante que macabre m’a totalement transportée dans
une époque obscure dont je ne connaissais pas grand chose. Le fait
qu’elle soit le fruit d’un travail documenté et constamment référencé,
lui confère un parfum d’authenticité que le récit n’a pas dénaturé. Je
trouve seulement dommage que Valentine Penrose ait fait de constants
parallèles avec le personnage de Gilles de Rais.
Même s’il est tentant de rapprocher le destin de ces deux personnages,
ce n’est que la barbarie qui les réunit. Car Erzsébet Bathory et Gilles
de Rais sont loin de se ressembler. Pour mieux comprendre, lire le "Procès de Gilles de Rais" de Georges Bataille. La fin du livre comprend un extrait du procès de la comtesse.
Extrait : "Après
la mort du comte, la Dame leur brûlait les joues, les seins ou d’autres
parties du corps, au hasard, avec un tisonnier. La chose la plus
horrible qu’elle faisait c’était parfois, de leur ouvrir la bouche de
force avec ses doigts et de tirer jusqu’à ce que les coins se fendissent
». p.108
Titre : La comtesse sanglante
Auteur : Valentine Penrose
Titre : La comtesse sanglante
Auteur : Valentine Penrose
Éditeur : Gallimard
Collection : L’imaginaire
Date de parution : Février 1984
Nombre de pages : 234 p.
Enregistrer un commentaire