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Décapage #49 - Revue littéraire

Nul n'est besoin de présenter la revue Décapage qui peut se targuer du lancement de son 49e numéro. Comme toute revue littéraire qui se doit, Décapage compte dans ses pages, chroniques, nouvelles illustrées, dossiers thématiques... de qualité. Rejoignant les éditions Flammarion depuis 2005, le périodique à publication trimestrielle, propose notamment à l'occasion de son édition Hiver-Printemps 2014, un respectueux hommage à Christian Gailly (rubrique des chroniques), un dossier thématique truculent (Cette oeuvre que j'ai honte d'aimer) et une sympathique découverte de l'univers littéraire d'Arnaud Cathrine (rubrique de la Panoplie littéraire). Auteurs confirmés ou non, les contributeurs de Décapage trouvent dans ses pages une belle tribune où exprimer leur talent et leur inventivité. Le professionnalisme de l'équipe de rédaction et le soin apporté à la maquette contribuent d'ailleurs à faire de la revue un objet très plaisant à consulter...

Je rougis d'avouer que je n'ai pas lu la plupart des contributeurs de ce numéro excepté Jean Echenoz, Claro et Arnaud Cathrine (dont j'ai beaucoup apprécié le roman musical Frère animal). Mais après tout, n'est-ce pas l'idée des opérations Masse Critique que de promouvoir les publications et les auteurs des partenaires de Babelio auprès de la communauté ? Pour ma part, je retiendrai de ce cocktail rafraichissant et pétillant, le faux Journal littéraire de Bernard Quiriny, la touchante chronique de Laurent Mauvignier, la cassante Interview imaginaire de Paul Léautaud, la confession inattendue de Claro (Non-non : quoique) ou encore la nouvelle carnée de Vincent Wackenheim (Des paupiettes pour 4). Cette lecture est pour moi un excellent prétexte de partir (ou pas) à la découverte des travaux des auteurs qui m'étaient inconnus. Cette dernière remarque mise à part, chacun trouvera dans Décapage un texte à son goût tant les styles d'écriture y sont variés. Voici donc un numéro au ton confidentiel qui séduira les amoureux des mots...

Encore un grand merci à Babelio, aux éditions Flammarion et à l'équipe de Décapage pour cette jolie découverte littéraire.

 

Et si vous souhaitez à votre tour découvrir ce nouveau numéro de Décapage, elle est disponible sur Amazon via le lien suivant : Décapage 49.

  • Titre : Décapage # 49
  • Auteur : Collectif
  • Éditeur : Flammarion
  • Numéro : Hiver-Printemps 2014
  • Date de parution : Mars 2014
  • Nombre de pages : 157 p.
  • Illustration de couverture : Olivier Lerouge, www.studiocorpus.com
  • ISBN : 978-2-0813-3090-0

Une vie chinoise 2 : le temps du parti - Li Kunwu

Après Le temps du père, vient Le temps du parti. Dans ce second tome d'Une vie chinoise, Xiao Li évoque ses souvenirs de l'ère post-maoiste : le groupe anti-révolutionnaire de la bande des 4 a été arrêté. Deng Xiaoping rétabli dans ses fonctions de vice-président du Comité central, prend la relève du Grand Timonier. Après 10 ans passés dans le camp de rééducation des cadres (village de Mi le), le père de Xiao Li est réhabilité par le parti et même nommé directeur général. Xiao Li, engagé dans l'armée, ne désespère pas malgré des antécédents familiaux accablants (sa famille compte en effet des propriétaires terriens), d'entrer au parti tout comme son père. Sa mère est devenue infirmière à l'hôpital du Kunming et sa soeur Meimei a été envoyée à la campagne pour y travailler comme ouvrière agricole. Xiao Li demande son intégration à l'unité de production et part travailler à la campagne. Pendant ce temps, Deng Xiaoping engage le mouvement de la "libération de la pensée" : le pays vit une période de transformation qui amène un souffle de liberté. Xiao Li est sollicité par les autorités pour ses talents de dessinateur et revient en ville où il constate que les choses ont bien changé. La lutte des classes prend fin et la Chine entame l'écriture d'une nouvelle page de son histoire ("La révolution culturelle, c'était une erreur. Le parti s'est laissé embarquer par une clique d'extrémistes... Mais maintenant, c'est réglé tout ça. Oublié." p.62)...

La mort de Mao Zedong en 1976 laisse les chinois désemparés. Avec lui, s'envole l'utopie communiste imaginée par les grands frères soviétiques. Mais Xiao Li à l'image de ses camarades, perpétue obstinément le souvenir de son idole. Les temps ont pourtant changé et en dépit des bouleversements que connait le pays, Xiao Li continue d'idéaliser la Chine communiste enseignée par son père. Avec toujours autant d'honnêteté que pour Le temps du père, Li Kunwu se rémémore cette période étrange pendant laquelle le mouvement de la libéralisation de la pensée bouscule les convictions communistes. Le pays essaie de ratrapper le temps perdu : les dancings réouvrent, les premiers touristes arrivent en même temps que le pays se modernise et s'ouvre timidement au capitalisme avec son économie socialiste de marché ("car le peuple chinois a lui aussi, le droit de se développer ! Le droit au confort ! Vous verrez nous aussi, nous aurons un jour des salles de bains chez nous ! " p.179). Nous sommes alors au début des années 80. Ce second tome, plus court que le premier, passe peut-être trop rapidement sur les événements historiques et biographiques. On regrettera l'application et la minutie apportée au scénario du Temps du père qui parait plus travaillé, mieux étudié mais l'album conserve tout de même son intérêt et mérite une lecture attentive. Histoire à suivre avec le troisième tome : Le temps de l'argent.

Pour compléter votre lecture du premier tome, vous pouvez vous procurer le second tome sur Amazon via le lien suivant : Une vie chinoise, tome 2.

  • Titre : Une vie chinoise 2 : Le temps du parti
  • Scénario et dessins : Li Kunwu et P. Ôtié
  • Éditeur : Kana
  • Collection : Made in
  • Date de parution : 2009
  • Nombre de pages : 198 p.
  • ISBN : 978-2-5050-0761-6
  • Crédits photographiques : © Li Kunwu

Bottomless Belly Button - Dash Shaw

La famille Loony est une famille comme tant d'autres : à chacun son caractère, ses problèmes, ses peines et ses façons de les affronter ou de les fuir. Il y a le père (Patrick), la mère (Maggie), le fils aîné (Denis), la fille (Claire) et le benjamin (Peter qui est étrangement représenté sous les traits d'une grenouille). Tout commence lorsque Patrick et Maggie, devenus grand-parents, invitent enfants, belle-fille (Aki la femme de Denis) et petits-enfants (Jill, la fille de Claire et Alex, le dernier né de Denis et Aki) pour quelques jours dans la maison familiale située en bord de mer. Après 40 ans de mariage, les deux doyens annoncent leur prochain divorce. Incompréhension, indifférence, indignation, philosophie, détachement ou résignation, chaque membre de la famille accuse la nouvelle à sa façon toute personnelle. Le séjour qui devient pénible à cette annonce, fait ressurgir souvenirs, secrets, non-dits et autres regrets. A travers un traitement graphique singulier mais un scénario fragile, Dash Shaw pourtant retenu pour la sélection officielle 2009 du Festival d'Angoulême, soulève avec son égocentré Nombril sans fond (titre traduit), l'éternelle question des relations familiales, inter-générationnelles et autres questionnements existentiels...


Dommage que Bottomless Belly Button n'honore pas ses promesses : d'un point de vue esthétique et graphique, il réunissait toutes les apparences d'un album engageant. Par son format d'abord : 720 pages condensées dans un beau livre au format A5 et joliment conçu par les éditions Ca et là. Par ses planches ensuite pour certains plans détaillés qui ponctuent agréablement le récit. Par le coup de crayon enfin qui interpelle discrètement le regard. Dommage encore que Dash Shaw n'ait pas exploité jusqu'au bout certaines de ses propositions qui méritaient pourtant un approfondissement (certaines situations absurdes ou comiques, certaines rencontres hasardeuses ou détails incongrus auraient par exemple valu un développement qui aurait apporté de la consistance au récit). Dommage encore pour les descriptions verbales agaçantes et inutiles qui parsèment la bande-dessinée (ex : soupire, frotte, souffle, aspire, ferme, ouvre...). On aurait apprécié un scénario mieux maîtrisé, une articulation plus travaillée. Bref, une belle déception qui me dissuade un peu de creuser la bibliographie de ce dessinateur. Mais tout n'est pas noir puisque ce pavé d'au moins 5 cm d'épaisseur (et d'un demi kilo !) se lit d'une traite et reste agréable à manipuler. Et puis heureusement, d'après les critiques enthousiastes que j'ai pu lire, tout le monde ne partage pas mon avis... Peut-être pourriez-vous me conseiller d'autres titres qui me réconcilierait avec le travail de Dash Shaw ?


Enfin, si malgré tout, vous avez envie de lire cette bande-dessinée qui n'est pas dénuée d'intérêt en dépit de ma chronique, vous pouvez vous la procurer sur Amazon via le lien suivant : Bottomless Belly Button.


  • Titre : Bottomless Belly Button
  • Titre en français : Nombril sans fond
  • Scénario et dessins : Dash Shaw
  • Éditeur : Ca et là
  • Traducteur : Sidonie Van Den Dries
  • Date de parution : Novembre 2008
  • Nombre de pages : 720 p.
  • ISBN : 978-2-916207-30-8
  • Crédits photographiques : © Dash Shaw

Une vie chinoise 1 : le temps du père - Li Kunwu

Premier tome de la série Une vie chinoise, Le temps du père témoigne des 21 premières années de la vie de Xiao Li à Kunming dans la province du Yunan (1955 - 1976). La jeune République de Chine proclamée par Mao Zedong en 1949 se lance à l'époque dans le Grand bond en avant (1958-1960) qui provoque la Grande famine de 1959-1961. Celle-ci s'ensuit du Mouvement d'éducation socialiste (1962-1965) et de la Révolution culturelle (1969-1976). Le secrétaire du Parti Li et sa femme élèvent leurs enfants Xiao Li et Meimei en leur inculquant dès leur plus jeune âge, le culte du Grand Timonier (on leur enseigne à répéter Mao zhuxi wansui / 毛主席万年 qui signifie Que notre président Mao vive 10 000 ans). La propagande communiste porte ses fruits : la population se sacrifie pour la communauté, les 3 poisons (féodalisme, capitalisme et révisionnisme) doivent être anéantis et les 5 bêtes noires (propriétaires terriens, réactionnaires, droitistes, opposants et capitalistes) dénoncées et punies. Xiao Li profite de la vague des dazibaos pour donner libre cours à sa passion pour le dessin. De fil en aiguille, les dénonciations et les grandes campagnes d'autocritiques organisées par les autorités causent l'arrestation de nombreuses personnes dont le père de Xiao Li. Malgré tout, cet événement n'entâche pas la fidélité sans bornes au Parti du jeune garçon...


Le projet intialement proposé par P. Ôtié et Li Kunwu aux éditions Dargaud devait porter sur Marco Polo. A la demande des éditions qui trouvaient plus intéressante l'idée d'un album autobiographique, le dessinateur s'est lancé dans la production de cette série. Ce récit autobiographique de Li Kunwu ne se veut pas politique mais historique. Le dessinateur chinois y raconte Une vie chinoise parmi tant d'autres. Pas de parti pris pour ce travail basé sur la mémoire et ponctué par les événements politiques marquants de l'histoire de la Chine. Avec sincérité (peut-on parler de naïveté ?), Li Kunwu livre une autobiographie presque détachée, un portrait documenté et parfois méconnu de la Chine de Mao. On y apprend entre autres exemples comment les chinois ont participé à l'effort du Grand bond en avant en brûlant le torchis des maisons ou en sacrifiant leurs cheveux pour fertiliser les terres. On y découvre aussi comment les enfants ont été sollicités pour la chasse aux 4 nuisibles pendant la Grande famine (ils devaient ramener des queues de rats à l'école pour prouver qu'à leur niveau, ils étaient capables de contribuer à l'effort national). Toute la population se vouait alors corps et âme à la cause révolutionnaire communiste sans aucun recul. A travers ses yeux d'enfants puis son regard d'adolescent, Li Kunwu livre une histoire de la Chine en bâtissant un pont entre deux générations. C'est ça qui nous rend si précieux son témoignage inédit...


D'un point de vue artistique, on est tenté à cette lecture de se demander comment Li Kunwu s'est frayé un chemin jusque nos contrées européennes. Eh bien, c'est grâce à P. Ôtié, scénariste, que le dessinateur chinois est introduit dans l'univers de la BD à l'occidentale. Sa passion pour le dessin a ainsi trouvé grâce à cette opportunité, le moyen de s'exprimer différemment : habitué à illustrer des affiches de propagande ou à exécuter des commandes, l'inventivité de Li Kunwu trouve ici un terrain d'expérimentation idéal pour sa création artistique. On peut aimer ou non les dessins aux personnages grossiers ou le trait encore hésitant mais le propos est pertinent et le projet remarquable. Grâce à cette série, on se rend compte que la bande-dessinée chinoise a toute sa place dans le 9e art et qu'elle gagne à se développer et à se démocratiser. Bref, Le temps du père appelle la lecture du second tome : Le temps du parti. A bientôt donc pour la suite et surtout n'hésitez pas, partez à la découverte de cette belle série qui promet un avenir souriant au 9e art à la pékinoise ou à la cantonnaise, comme vous préférez...

Pour aller plus loin sur la démarche du dessinateur, je vous invite à visionner la vidéo ci-dessous de l'entretien de Li Kunwu pour le 64 minutes de TV5 Monde.



Enfin, si cette chronique vous a donné envie de découvrir cette oeuvre, notez que vous pouvez vous la procurer sur Amazon via le lien suivant : Une vie chinoise, tome 1.

  • Titre : Une vie chinoise 1 : le temps du père
  • Préface : Pierre Haski
  • Scénario et dessins : Li Kunwu et P. Ôtié
  • Éditeur : Kana
  • Collection : Made in
  • Date de parution : Juin 2009
  • Nombre de pages : 256 p.
  • ISBN : 978-2505006084
  • Crédits photographiques : © Li Kunwu et P. Ôtié

Le fidèle Rouslan - Gueorgui Vladimov

Comme tous ses congénères, Rouslan a été sélectionné pour faire partie de l'élite des gardiens du goulag. Son flair, sa prestance, sa persévérance à toute épreuve et son obéissance entêtée ont fait de lui l'un des meilleurs éléments du camp. Rouslan est un chien. L'un des meilleurs chiens de garde que le système concentrationnaire soviétique ait pu dressé : comme tous les autres, il a eu ses périodes de doutes, de colère et de révolte face à l'incohérence et l'absurdité des bipèdes mais la récompense de sa fidélité inébranlable vaut malgré tout la chandelle. Qu'importe les quelques brimades ou humiliations au regard du plaisir procuré au maître. Qu'importe les misérables punitions lorsque l'on a l'honneur de faire la fierté du service. Qu'importe enfin de n'être pas le plus dangereux ou le plus malin de tous lorsque l'on représente l'un des meilleurs garants de l'ordre et de la discipline. Pour Rouslan, rien n'est si exaltant que de pouvoir attaquer un détenu sur les ordres de son maître en guise de récompense. Sa vie aurait d'ailleurs été (presque) parfaite si ce n'était ce jour funeste où son maître, l'entraînant de l'autre côté des barbelés, ne l'avait rendu à la forêt. Que pouvait-il donc faire de cette soudaine liberté sans personne pour lui dicter des ordres ? Abandonné à un sort plus qu'incertain, Rouslan décide malgré tout d'attendre le retour du convoi des soldats pour retourner au Service...

Rouslan n'a beau être qu'un chien, il est pourtant doté d'une intelligence hors normes. En tous cas, c'est ce que penseraient la plupart des humains : il comprend vite, il sait se faire petit quand c'est le moment, il sait taire ses propres pensées, bref, il sait ce que veut son maître. N'en est-il pas le parfait prolongement exécutif ? C'est sûrement l'une des raisons pour lesquelles son maître lui pardonne parfois ce que nous humains, qualifierions de sautes d'humeur ou de caprices (après tout, les chiens ont tous une part de sauvagerie incontrôlable). Mais voilà, Rouslan est d'une fidélité extrême. C'est d'ailleurs l'une de ses plus grandes qualités hormis peut-être son apparente indifférence : "car la vérité et la clé même de l'énigme de Rouslan, ce n'était pas que le Service pût avoir tort en quoi que ce fût à ses yeux, c'était qu'il ne tenait pas ses brebis pour coupables, à la différence de Iéfréïtor et des autres maîtres." (p.188). Une fidélité écoeurante tant elle frise le fanatisme. Mais pourquoi donc cette obstination à obéir aux ordres, cette soumission idiote ? Au mépris de ses autres copains qui ont su s'adapter et tirer profit de leur situation comme Alma son ex-petite amie, Djoulbarss, le terrible chef de meute ou Trésor, peut-être le plus éclairé de tous, Rouslan n'a rien d'autre en tête que d'accomplir son devoir. A travers cette remarquable allégorie animalière, c'est ce que dénonce Gueorgui Vladimov. Cette lecture évoquera sans doute l'ombre du cruel Rudolph Hoess de Robert Merle (cf. La mort est mon métier) qui comme un chien fidèle au parti, est complètement obnubilé (ou abruti ?) par son sens du devoir...

Publié clandestinement pour la première fois en Allemagne en 1973 puis en France en 1978, ce roman de Gueorgui Vladimov dénonce violemment l'absurdité du système concentrationnaire russe. Pendant un temps attribué à la paternité d'Aleksandr Soljenitsyne, Le fidèle Rouslan qui ne devait être édité en Russie qu'après la Perestroïka (1985-1991), laisse un goût amer porté par un récit puissant et bouleversant. Prêtant ses mots et ses pensées au chien fidèle, Gueorgui Vladimov milite pour la liberté artistique. Sous la menace et la censure de l'époque, celui que les autorités russes considèrent comme dissident, est obligé de fuir l'Ukraine. Son combat pour la liberté d'expression sera couronnée par le succès du Fidèle Rouslan, une de ses oeuvres majeures. Et l'on ne pourra que se ranger à l'avis d'Owen Matthews qui confie dans son excellente préface : "En tant qu'auteur, Vladimov tenta de trouver un sens à ce monde absurde, sacrifié par les horreurs de l'ère stalinienne. En tant qu'activiste dissident, il cherchait à révéler au monde les hypocrisies et les absurdités de la vie soviétique. Et si, à l'inverse d'un Soljenitsyne, il ne connut pas le goulag à proprement parler, il eut à subir les horreurs du siècle russe jusque dans sa chair." (p.II).

Avec la réédition de ce chef d'oeuvre magnifique, c'est une lecture majeure que les éditions Belfond (collection Vintage) proposent de (re)découvrir. Un grand merci à elles et à Babelio pour ce roman que dont je ne peux que vous dire : "Lisez-le !". Du cinq étoiles, assurément !

N'hésitez pas plus lontemps et découvrez de toute urgence ce livre, en vente sur Amazon via le lien suivant : Le fidèle Rouslan.




Extraits 

"Jamais, répondait-il, jamais un chien ne peut mordre un homme qui l'aime à la folie. Croyez-moi, je suis un vieux dresseur de chiens, un enfant de la balle en matière de cynologie, permettez-moi de vous dire, eh bien, il n'y a que l'homme qui soit capable d'une telle perversion." (propos de l'instructeur p.127)

"Si l'homme pouvait deviner le contenu des prières des chiens, il découvrirait la même plainte sempiternelle : la plainte d'un être souffrant de ne pouvoir ni pénétrer l'âme mystérieuse du bipède ni de discerner ses desseins immortels. Oui, l'animal comprend que l'homme est grand, et que sa grandeur va aussi loin dans le sens du bien que dans celui du mal ; mais il ne peut atteindre tous les sommets, tous les paliers avec lui, il doit fatalement s'arrêter quelque part en cours de route et se révolter." (p. 160)

  • Titre : Le fidèle Rouslan
  • Titre original : Vernyi Ruslan
  • Auteur : Gueorgui Vladimov
  • Éditeur : Belfond
  • Collection : Vintage
  • Préface : Owen Matthews
  • Traducteur : François Cornillot
  • Date de parution : Janvier 2014
  • Date de parution originale : 1973 en Allemagne / 1978 en France
  • Nombre de pages : 273 p.
  • Couverture : Photo © Alex Williamson / Ikon Images / Corbis-Franco Vogt / Corbis
  • ISBN : 978-2-7144-5664-9

American gothic - Xavier Mauméjean

Il était une fois Ma Mère l'Oie, la genèse d'une mythologie américaine. Tel aurait pu également être le titre de cette fiction de Xavier Mauméjean. Nous sommes en 1953. Les studios Warner Bros veulent adapter le livre de l'énigmatique Daryl Leyland au cinéma. Alors que le sénateur Mac Carthy part à la chasse aux sorcières, les frères Warner mandatent Jack Sawyer pour "nettoyer" la biographie de Daryl Leyland afin d'éviter tout obstacle fâcheux à la bonne mise en oeuvre de leur projet. Contrairement à toute attente, Jack Sawyer se passionne pour la vie de Daryl Leyland et met au jour sa biographie. C'est à travers la compilation de témoignages, d'analyses du professeur Richard Case, des rapports de Jack Sawyer, d'anecdotes diverses et de quelques contes de Ma Mère l'Oie que François Parisot, dont l'ambition est de traduire en français le monument de la littérature américaine des années 30, dévoile l'étrange et l'inquiétante genèse de Ma Mère l'Oie... Comment de secrètes souffrances peuvent-elle être un moteur de création artistique ? Comment créer une légende ?  Comment Xavier Mauméjean se réapproprie t-il Les contes de ma Mère l'Oie pour réécrire l'histoire culturelle des États-Unis de la première partie du XXe siècle ? Parmi d'autres, ce sont quelques questions auxquelles répond cette fiction aux enjeux inattendus...

En réponse à cette citation de Pablo Picasso qui pensait que "les thèmes fondamentaux de l'art sont et seront toujours : la naissance, la grossesse, la souffrance, le meurtre, le couple, la mort, la révolte et peut-être le baiser", Xavier Mauméjean choisit le thème de la souffrance pour sa contribution à la collection Pabloid des éditions Alma. La création par Daryl Leyland et son illustrateur Max Van Doren de Ma mère l'oie (notamment symbolisé par American Gothic, le célèbre tableau de Grant Good) s'est fait dans de silencieux tourments. Le duo improbable qui devait donner naissance au succès phénoménal de Ma Mère l'Oie, puise fortuitement son inspiration dans ses expériences malheureuses. Pas de fées pour Daryl et Max qui ont à cause de leurs épreuves traumatisantes, développé de bien curieuses manies : leur Grand Dessein et leurs historiettes sur les emballages des bonbons Dummies qui devaient bouleverser l'Amérique, sont profondément marqués par leur triste destinée... Entre réalité et fiction, Xavier Mauméjean prend un malin plaisir à brouiller les pistes : jouant avec les codes de l'imaginaire et bourrant son livre de références littéraires, historiques ou politiques bien réelles, l'auteur brosse le portrait d'une Amérique en pleine recherche d'identité. Prêtant peut-être ses propres mots à Daryl Leyland, Xavier Mauméjean ne déclare t-il pas : "Les contes n'existent que pour éclater et donner lieu à de nouveaux contes à partir de leurs fragments. Toutes les versions sont légitimes." (p.305) ? Laissant le soin au lecteur de déméler le vrai du faux ou de croire ou ne pas croire à l'histoire de Daryl Leyland, l'auteur fait la part belle à la littérature de l'imaginaire en démontrant avec originalité qu'il existe toujours dans les contes une part d'insondable qu'on est libre de s'approprier et de réinventer à l'infini... Un récit singulier et déconcertant qui prouve que les contes ne sont pas forcément écrits pour les enfants...

Si vous souhaitez découvrir ce roman remarquable, vous pouvez vous le procurer sur Amazon via le lien suivant : American Gothic.

  • Titre : American gothic
  • Auteur : Xavier Mauméjean
  • Éditeur : Alma
  • Collection : Pabloïd
  • Date de parution : Février 2013
  • Nombre de pages : 407 p.
  • Couverture : Ted Benoit
  • Graphisme : François-Xavier Delarue
  • ISBN : 978-2-36-279066-9
  • Crédits photographiques : © Grant Good (American Gothic)


Le coeur révélateur - Alberto Breccia

Comme Horacio Lalia avec son album Le chat noir, Alberto Breccia s'est lui aussi attelé à dessiner quelques-unes des nouvelles les plus célèbres d'Edgar Poe : Le coeur révélateur, William Wilson, Le masque de la mort rouge, Le chat noir et Monsieur Valdemar ont été mises en images pour certaines d'après les scénarios de Guillermo Saccommano ou Carlos Trillo. Le style adopté pour chaque nouvelle coïncide avec différentes périodes d'expériences graphiques d'Alberto Breccia (consulter à ce sujet le site dédié au dessinateur). Comme le souligne Agnès Carbonell dans sa préface, "une distance insondable semble séparer la géométrie laconique avec laquelle, en 1974, Alberto Breccia adapte en noir et blanc, Le coeur révélateur d'Edgar Poe et la débauche d'arabesques colorées qui lui inspire, 8 ans plus tard, le conte du Masque de la mort rouge. Au premier regard seulement. Car entre ces extrêmes, les trois autres Histoires extraordinaires de Poe que Breccia choisit de mettre en images permettent de renouer le fil de la logique qui unit ces deux oeuvres en apparence si opposées." Chaque nouvelle est-elle ainsi marquée d'une empreinte graphique très personnelle qui, telle la marque de fabrique d'Alberto Breccia, fait de chaque vignette une peinture, un véritable tableau. Loin des ambiances gothiques ou romantiques habituellement attendues pour ce genre d'adaptations, les propositions de Breccia très modernes, distillent un effroi muet presque exclusivement transcrit par l'image. Un album/recueil grandiose qui se situe entre la peinture et la brande-dessinée...


La comparaison entre Lalia et Breccia est tentante : tous deux argentins et amateurs de littérature, ont adapté Edgar Poe et Lovecraft. Contrairement à Horacio Lalia qui rend fidèlement l'esprit des contes d'Edgar Poe par des dessins tout en noir et blanc avec l'accent mis sur l'expression des visages et une narration assez conventionelle (style proche des comics américains), Alberto Breccia jongle quant à lui avec des techniques graphiques différentes. On notera par exemple les effets de répétition qui jouent avec la temporalité des récits ou le traitement des couleurs qui rappellera sans doute les techniques de la sérigraphie. Le traitement presque cinématographique confère par ailleurs une puissance remarquable aux récits et révèle des techniques narratives admirablement maîtrisées. Souvenez-vous donc de ce dessinateur et partez donc à la (re)découverte de ses magnifiques travaux...




Pour aller plus loin, notons qu'Alberto Breccia a stimulé dans son sillage la vocation de ses trois enfants qui se sont aussi consacrés au dessin. En témoigne le travail avec son fils Enrique Breccia pour l'album Che (1968), co-écrit avec Hector Oesterheld, qui a valu aux trois collaborateurs censure et menace. Je reviendrai sur cet ouvrage à l'occasion d'un prochain compte-rendu...

Enfin, comme toujours, sachez que ce livre est disponible à l'achat sur Amazon via le lien suivant : Le Coeur révélateur et autres histoires extraordinaires.  


  • Titre : Le Coeur révélateur et autres histoires extraordinaires (Edgar Poe)
  • Auteur : Alberto Breccia
  • Scénaristes : Guillermo Sacommano et Carlos Trillo
  • Éditeur : Les Humanoïdes Associés
  • Préface : Agnès Carbonell
  • Textes traduits : Charles Baudelaire
  • Date de parution : Septembre 1995
  • ISBN : 2 73161 121 9
  • Crédits photographiques : © Héritiers d'Alberto Breccia (illust. 1 : Le coeur révélateur, illust. 2 : Le masque de la mort rouge, illust. 3 : William Wilson, illust. 4 : Le chat noir, illust. 5 : Monsieur Valdemar)

Dracula - Alberto Breccia

Avec sa bouche lippue et ses allures grotesques, le Dracula d'Alberto Breccia n'a rien du vampire fascinant et ténébreux. Ses mésaventures improbables pétries d'humour et d'ironie sous-tendent pourtant une colère froide qu'une mise en contexte par le préfacier Carlos Sampayo permet de comprendre : "En 1982 et en Argentine, Alberto Breccia entreprit de dessiner sa version personnelle de Dracula ; il devait terminer un an plus tard, en synchronisme parfait avec la dernière période de la dictature militaro-financière qui avait mis le pays à genoux pendant sept ans. Encore que seul l'avant-dernier épisode faisait directement allusion à la férocité de cette organisation d'assassins, la totalité de cette oeuvre constitue la risposte personnelle de Breccia à la situation que vivaient à l'époque les argentins, dont le principal antagoniste était précisément le sang." (extrait de la préface). Travail donc engagé que cette bande-dessinée du talentueux dessinateur argentin. Entre autres situations cocasses, Dracula se bat contre Superman ou fait la rencontre d'Edgar Poe et de son corbeau. Ainsi les cinq histoires tragi-comiques imaginées par Alberto Breccia (La dernière nuit du carnaval, Latrans canis non admortet, Un coeur doux et éploré, Je ne suis plus une légende et Poe ?... Puaf !) parodient-elles subtilement sous des couverts de bande-dessinée humoristique, tous les despotes de la planète. Grâce à cet ouvrage, La dictature militaire argentine (1976-1983) personnifiée par le ridicule vampire de Breccia a donc trouvé un visage : celui d'un monstre caricatural toujours surpris la main dans le sac...


Dessiner la dictature en la dénonçant sans un mot (l'album est en effet totalement exempt de texte !), voilà un tour de force merveilleusement réussi par Alberto Breccia. Les planches superbes parlent d'elles-mêmes. Les dessins presque enfantins distillent ouvertement sur chaque planche des détails funèbres ou accablants qu'on ne peut pas ignorer et qui "trahissent" l'intention de Breccia. Donc à ceux qui seraient tentés de croire que ce livre relève de la littérature jeunesse, je confirmerai que ce livre ne se destine pas nécessairement à un jeune public. Quant à son traitement graphique, Breccia s'offre même le luxe d'une somptueuse mise en couleur comme s'il voulait conjurer le sombre sort des 30 000 desaparecidos arrêtés ou tués durant la sale guerre d'Argentine (drôle d'expression quand on y pense : avez-vous connaissance de guerres propres ?). Le style adopté ici par le dessinateur (Breccia a produit d'autres oeuvres qui n'ont aucun rapport. Cf. L'éternaute du même auteur) peut déplaire pour ses traits naïfs, grossiers ou ultra caricaturés. De mon point de vue, nous tenons avec ce Dracula une oeuvre de qualité qui convainc à la fois par ses illustrations et son intention. C'est divertissant, parfois drôle et paradoxalement léger. Bref, c'est à lire !


Quel dommage qu'Alberto Breccia ne soit plus. Cette belle mise en bouche me frustrerait presque tant j'ai aimé ce travail et que je sais qu'il ne publiera plus de nouvelles bandes-dessinées. L'éminent illustrateur qui a enseigné à la Escuela Panamerica de Arte tout comme de Hugo Pratt, était comme le montre ses collaborations avec Oesterheld ou ses travaux sur les oeuvres d'Edgar Poe (cf. Le coeur révélateur mais aussi dans le même esprit Le chat noir de Horacio Lalia), Umberto Ecco ou Lovecraft, passionné par la littérature (il était en l'occurrence attiré par les mêmes auteurs que moi). Les tomes de sa série Perramus sont introuvables ou hors de prix. Cet effet de frustration me donne d'autant plus envie de les lire. Mais je vais pour l'instant me contenter de lire les titres disponibles. Soit dit en passant, si une âme charitable voulait bien me prêter (je dis bien prêter) ses exemplaires de Perramus, je le bénirai jusqu'à la 30e génération (bon, je sais, je peux toujours rêver)...

Sinon, je vous conseille de consulter le site de l'auteur. Vous y puiserez moultes informations le concernant (dossiers, interviews, bibliographie, vidéos, galeries...).

Si avec ça je ne vous ai pas donné envie de découvrir l'oeuvre de Breccia, ça voudrait dire que j'ai loupé mon compte-rendu. Plus sérieusement, si vous souhaitez vous procurer ce Dracula, rendez-vous sur Amazon via le lien suivant : Dracula.

Détails bibliographiques


  • Titre : Dracula. Dracul, Vlad, bah... 
  • Auteur : Alberto Breccia
  • Préface : Carlos Sampayo
  • Éditeur : Les Humanoïdes Associés
  • Date de parution : Octobre 1997
  • Nombre de pages : 69 p.
  • ISBN : 978-2-73161-105-7
  • Crédits photographiques : © Alberto Breccia

Des notes pour les livres des Embuscades


Chers tous,

Juste un petit billet pour vous informer qu'à l'instar de nombre d'entre vous, j'ai décidé de noter chaque livre chroniqué sur les Embuscades. L'idée est de vous proposer une grille de lecture parfaitement subjective des livres que j'ai détesté, aimé, adoré, encensé... et de vous permettre en un coup d'oeil de mieux connaître les goûts de votre cher Alcapone... 

La page dédiée est placée dans le menu juste au dessus du carrousel (cf. l'onglet Notations). Vous pouvez y accéder en cliquant sur le lien suivant : http://embuscades-alcapone.blogspot.fr/p/classement.html. J'espère que vous apprécierez l'initiative. J'attends vos commentaires, remarques, suggestions et objections. N'hésitez donc pas à réagir ou même surréagir. Ca nous donnera l'occasion, j'aimerais bien, de polémiquer un coup...

A bientôt !


Le Club des Chroniqueurs Signé : Partenariat avec Babelio



Bonjour à tous !

J'ai l'immense plaisir de vous informer que j'ai été retenu pour faire partie du Club des Chroniqueurs Signé. Cette opération spéciale de Masse Critique organisée en partenariat entre Babelio et les éditions Le Lombard à l'occasion des 20 ans de la Collection Signé me permettra de recevoir 5 albums historiques de la collection à chroniquer cette année.

Je vous donne rendez-vous très prochainement sur Les Embuscades pour la première chronique du Club des Chroniqueurs Signé.

Avec tous mes meilleurs remerciements à Babelio et aux éditions du Lombard 
pour m'avoir permis d'intégrer le Club

A très bientôt !

L'encre et le sang - Dominique Kalifa

Exceptionnellement, je reprendrai comme synthèse du livre la quatrième de couverture extraite de la conclusion pour présenter L'encre et le sang : "Casque d'Or et les apaches, Jules Bonnot et les premiers bandits en automobile, Fantômas, Rouletabille ou Zigomar, sans oublier les silhouettes inquiétantes qui s'agitent sur les écrans muets du cinématographe, la Belle Époque a donné naissance à une mythologie flamboyante. A l'aube de la Grande Guerre, en effet, la ferveur pour les récits de crimes devient un véritable phénomène de société. Tandis que la presse ouvre grand ses colonnes aux faits divers criminels et que triomphe la chanson de pègres, romans policiers et films de détectives attirent un public de plus en plus large, fasciné par un nouvel imaginaire fait d'empreintes sanglantes et de pas dans la neige, d'indices ténus et de cryptogrammes mystérieux." Entre faits divers, récits de crime et enquête, Dominique Kalifa, historien spécialiste du crime et de ses représentations, montre comment la fabrique du crime a stimulé tous les imaginaires : journalistes, faitdiverstistes, reporters et autres écrivaillons se sont engouffrés avec frénésie dans cette brèche ouverte. L'engouement des classes populaires pour ce nouveau genre littéraire devenu l'opium des peuples, a cependant engendré un véritable fait de société difficile à contenir. La montée en puissance du phénomène a bien sûr eu des conséquences néfastes sur la société. Désormais, la presse quotidienne, garante de l'information auprès de l'opinion publique, est devenue un acteur majeur du débat. Elle a aussi su profiter (voire abuser) de son pouvoir pour manipuler les masses au nom du devoir d'information. Les affaires criminelles dès lors largement relayées à la une des plus grands journaux quotidiens ont parfois nui aux investigations menées par la police et les magistrats. Les tensions entre métiers montrent bien l'enjeu de taille que représentait ce sujet brûlant : la sécurité publique est soudain apparue comme l'enjeu primordial de ces jeux d'influence et de pouvoir. Le débat public s'enflamme autour de ces nouvelles formes de narration qui apportent une nouvelle manière d'interpréter le monde. Mais qu'en est-il des lecteurs et amateurs du genre dans cet immense imbroglio ? Quelles sont les conséquences du phénomène sur la culture populaire et son évolution ? L'entre-deux siècles dépeint par Dominique Kalifa fourmille d'enjeux sociaux, culturels et politiques qu'il est passionnant de découvir sous le regard de l'historien...

L'encre et le sang s'impose comme un ouvrage de référence sur le sujet. Les innombrables références qui parsèment l'ouvrage offrent un fascinant voyage dans l'histoire criminelle de la Belle époque. Chaque fois qu'on a l'impression que l'auteur s'éloigne du sujet, on est ratrappé par un argumentaire solide et cohérent qui répond aux éventuels questionnements qui peuvent surgir à la lecture de l'analyse. C'est donc avec un plaisir renouvelé qu'on assiste à l'édification de l'imaginaire criminel et qu'on (re)part à la rencontre des plus grands personnages qui ont fait le succès du genre. Loin des développements pédants et indigestes, le style de Dominique Kalifa se veut accessible. Cela tombe bien puisqu'il est question de culture populaire ! Les références bibliograpiques et clins d'oeil quoique  très abondants, raviront les passionnés d'Arsène Lupin, Zigomar, Fantômas, Cheri Bibi ou Rouletabille. Les amateurs cinéphiles trouveront également de captivants détails sur les premières productions de l'époque (notamment les films de Méliès) qui ont donné naissance à la censure cinématographique avec un film racontant l'affaire de la bande à Bonnot. D'autres encore y dénicheront encore des sources précieuses et variées sur l'histoire de la presse, celle de la criminologie ou les débats sur la peine capitale en France. En fait, cette étude doit se lire, se relire ou se consulter au gré des informations recherchées, un peu comme on utiliserait une encyclopédie ou un dictionnaire. C'est également un outil idéal pour faire des lectures croisées : l'ensemble du travail d'Albert Londres ou l'ouvrage Dans les archives secrètes de la police se prêtent par exemple très bien à ce genre de recoupements. Il y en a d'ailleurs bien d'autres si on reprend l'étude de Dominique Kalifa dans le détail.

Autre point notable : concernant le problème de la sécurité publique largement mise en avant dans les débats, on constate à cette lecture que les questions de fond ont assez peu évolué par rapport à notre époque (problèmes de moeurs, d'éthique ou de déontologie). Si les aspects formels ont changé et la censure peut-être moins intrusive, les problématiques demeurent les mêmes (question de la sécurité publique). Comme toujours dans ce genre de configuration, les lecteurs ont souvent la triste impression d'être pris en otage par les autorités publiques ou les puissants (la presse) dans des débats où l'opinion publique n'a finalement que peu de poids. Sur ce point, je rejoins complètement Dominique Kalifa qui pense qu'"entre le lire et le croire, s'immisce toute la distance des usages sociaux, le rire, l'indifférence autant que l'adhésion. Rétive, fragmentée, l'opinion est rarement réductible à une somme de lectures, fût-elle insistante, et le lecteur façonne sans doute davantage le récit qu'il n'est façonné par lui. S'ils sont propres à dramatiser et à renforcer les préjugés du public, ces récits n'ont guère les moyens d'entretenir de profondes inquiétudes auprès de lecteurs qui ne forment jamais une masse passive et soumise." (p.269). Et je persiste à croire que le public, en dépit de ce que l'on veut lui faire croire (jeunes ou vieux, personnes éduquées ou non, hommes ou femmes...), est tout à fait armé pour disposer de son libre arbitre. Qu'on arrête donc de vouloir penser à sa place !

Enfin, cet ouvrage est si dense qu'il est difficile d'aborder tous les points étudiés. Je ne peux donc que vous recommander de vous y frotter et de voir par vous-même ce qu'entend Dominique Kalifa à travers sa conclusion : "Si, comme l'estimait Durkheim, le crime se définit qu'au regard de la réprobation sociale, s'il est un facteur de la santé publique, voire un symptôme de progrès social, alors son récit n'est pas seulement un instrument de catharsis ou de diversion, il est un des modes essentiels de régulation dela conscience sociale et une forme active de pédagogie collective. Faisant du crime et de la délinquance des objets de terreur ou de fascination chaque jour un peu plus étrangers aux pratiques quotidiennes, enseignant la norme et diffusant le droit, légitimant l'autorité tout en instituant sur ses actes droit de regard et procédures de contrôle, ces récits disent aussi l'intégration croissane dans la rationalité policée de l'ordre industriel. A tous égards, ils sont bien ce qu'un contemporain inspiré qualifia à l'orée du siècle d'éffrayant miroir qui métamorphose les images en réalité." (p.304)

Si vous souhaitez à votre tour vous lancer dans cette plus que captivante lecture, notez que le livre est disponible sur Amazon via le lien suivant : L'Encre et le sang. Récits de crimes et société à la Belle Epoque.

  • Titre : L'encre et le sang
  • Sous-titre : Récits de crimes et sociétés à la Belle Époque
  • Auteur : Dominique Kalifa
  • Éditeur : Fayard
  • Date de parution : Octobre 1995
  • Nombre de pages : 351 p.
  • Couverture : © L'assiette au beurre de Benard Flageul, 8 septembre 1906
  • ISBN : 2-213-59513-5


Le chat noir (Edgar Poe) - Horacio Lalia

C'est à l'occasion du 150e anniversaire de la disparition d'Edgar Allan Poe (1999) qu'Horacio Lalia choisit d'adapter graphiquement ses textes les plus célèbres. Le chat noir, Le coeur révélateur, La barrique d'Amontillado, Manuscrit trouvé dans une bouteille, L'enterrement prématuré, Le portrait ovale, La vérité sur le cas de Monsieur Valdemar, Hop Frog, toutes ces nouvelles qui ont tant plu à Charles Baudelaire prennent forme ici avec noirceur et génie. Le coup de crayon du dessinateur argentin sublime l'univers inquiétant d'Edgar Poe : le découpage des planches, les plans, les ambiances gothiques mais surtout l'expressivité des visages exercent une fascination qui rend hommage au maître du fantastique américain. Cet extrait du Chat noir : "Je crois que la perversité est une des premières facultés qui orientent le caractère de l'homme. Qui ne s'est pas surpris commettant une action pour la seule raison qu'il savait devoir ne pas la commettre ?" (p.11) qui résume bien l'esprit des contes fantastiques de Poe, trouve dans l'interprétation d'Horacio Lalia un vibrant écho. L'hypnotique et effroyable oeil crevé du chat noir de la couverture qui hante l'esprit dès le premier regard, prouve que Poe pouvait difficilement trouver meilleur graphiste pour célébrer les 150 ans de sa mort. Un superbe cadeau d'anniversaire pour Poe me semble t-il...


La plupart des nouvelles dessinées par Horacio Lalia figure parmi les titres les plus prisés de Poe. Parmi eux, citons l'indétrônable Chat noir, Le coeur révélateur, L'enterrement prématuré ou Le portrait ovale. Nul n'est besoin de revenir sur leur contenu. Ma préférée, si je devais n'en retenir qu'une, serait L'enterrement prématuré qui aborde brillamment le thème de l'angoisse de la mort. Toutes les histoires sélectionnées sont cependant remarquables. La sélection de Lalia qui se rapproche du recueil proposé par les éditions Les mille et une nuit sous le tire du "Démon de la perversité et autres contes", propose de beaux échantillons du talent de conteur de Poe. Elle m'a également permis de découvrir la fin du Coeur révélateur dont la dernière page manquait à l'exemplaire que j'ai lu. Horacio Lalia s'est aussi lancé dans l'interprétation de oeuvres de Lovecraft sous forme de trilogie : Le grimoire maudit, Le manuscrit oublié et La couleur tombée du ciel également éditée par Albin Michel. Après cette séduisante prise de contact avec le dessinateur argentin, je ne peux pas passer à côté de cette trilogie qui semble être une belle promesse. L'avez-vous lue ? Qu'en pensez-vous ?

Sinon, dans la lignée de cette adaptation, notez l'incroyable travail d'Alberto Breccia qui comme Horacio Lalia a jeté son dévolu sur les contes d'Edgar Poe et les nouvelles de Lovecraft.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette bande-dessinée sur Amazon via le lien suivant : Le chat noir.  
  • Titre : Le chat noir
  • Auteur : Edgar Poe
  • Dessins : Horacio Lalia
  • Éditeur : Albin Michel
  • Traducteur : Jean-Michel Boschet
  • Date de parution : Octobre 1999
  • Nombre de pages : 90 p.
  • ISBN : 2-226-10997-8
  • Crédits photographiques : © Horacio Lalia


The Beats - Anthologie graphique - Harvey Pekar et Paul Buhle

Née dans les années 1950 avec Jack Kerouac, Allen Ginsberg ou William Burroughs, la génération Beatnik est le symbole d'une Amérique désabusée qui aspire à une certaine liberté de pensée. Les origines de l'expression beatnik bien que multiples et incertaines, trouveraient leur signification dans le terme "crevé" ou "usé". Jack Kerouac y aurait porté une connotation paradoxale de upbeat et beatific. Ce nouveau mouvement artistico-intellectuel inspiré du jazz (Hobohemians), aurait révolutionné la culture conformiste américaine et nourri la culture hippie des années 1970. C'est dans les drogues, l'alcool et le sexe libre que les beatniks affirment leur revendications en édifiant une contre-culture prônant la liberté d'expression et en adpotant un style de vie en marge de la société (cf. Le vagabond en voie de disparition de Jack Kerouac). Notamment inspirés par le charismatique Neal Cassady, les trois principaux précurseurs du mouvement expérimentent de nouvelles techniques d'écriture comme "la prose spontanée" ou "l'écriture automatique". Howl (Allan Ginsberg), On the Road (Jack Kerouac) ou Naked Lunch (William Burroughs) sont les oeuvres phares de ce mouvement qui ont propulsé le beatniks sur le devant de la scène littéraire de l'époque. Souvent jugées comme obscènes et contraires aux moeurs, la poésie et la littérature beatnik ont embrasé l'enthousiasme des jeunes générations de l'époque. Le vif intérêt que suscite encore cette vague d'auteurs américains est le signe de son influence indéniable dans les domaines intellectuels américains des années 50-60. Au delà de la simple nostalgie d'un temps perdu, la beat generation porte encore en elle, les germes d'une contestation culturelle de grande envergure. The Beats ne se veut pas une énième étude du mouvement. Elle se renvendique plutôt comme un hommage rendu à ses pères d'autant qu'elle "possède une qualité en accord avec la popularisation vernaculaire des beats." (extrait de l'introduction).


C'est à l'adolescence que je me suis intéressé aux beatniks. Comme beaucoup d'entre nous, j'ai lu le Festin nu (adapté au cinéma par l'immense David Cronenberg), Sur la route, Junky ou encore Les clochards célestes (n'étant pas un grand adepte de poésie, je ne me suis jamais attardé à la poésie de Ginsberg). Si cette contre-culture a suscité ma curiosité à l'époque, je crois avec le recul que la beatnik generation n'est pas vraiment ma tasse de thé (cette lecture me confirme que les revendications et l'esprit de ses pionniers s'éloigne de mes propres convictions). Si le message politique porté par le courant me parait louable en raison de l'effervescence intellectuelle et des prises de conscience qu'il a pu susciter (on assiste à l'époque à une véritable révolution intellectuelle), je fais partie de ceux qui pensent que la "beatnik attitude" se rapproche plus d'une expérience de vie que d'un véritable mouvement de pensée (peut-être ai-je tort mais c'est l'idée que j'en ai). Cette bande-dessinée renforce à mon sens cette idée. On y retrouve les éléments biographiques de ses principaux acteurs ainsi que les origines du mouvement. Leur mise en images par les différents dessinateurs m'a certes paru coller avec l'esprit des beats. Les graphismes en noir et blanc confèrent d'ailleurs au livre un parfum d'authenticité assez appréciable (même si Ed Piskar, principal dessinateur de la bande-dessinée, n'a pas vécu l'expérience beatnik étant trop jeune). Pour autant, les lecteurs avertis n'y apprendront pas grand chose excepté peut-être dans les derniers chapitres du livre relatifs aux diverses manifestations de la beatnik generation. Reste donc seul le plaisir de découvrir les dessins et le travail d'adaptation qui rendent assez bien compte me semble t-il, de l'esprit beatnik de l'époque. Cela dit, pour tout à fait être honnête, Harvey Pekar et Paul Buhle ne se sont pas cachés de leur intention, l'idée étant surtout d'offrir "une interprétation visuelle et narrative spécifique, à la fois fraiche et perspicace." (extrait de l'introduction). Cette initiative, certes séduisante, ne m'a malheureusement pas convaincu bien qu'elle propose quelques anecdotes truculentes et qu'elle constitue une bonne introduction au sujet... A noter en passant l'intéressant récit de Tuli Kupferberg proposé par Jeffrey Lewis qui revient sur le parcours des Fugs (cf. la vidéo de Kill for peace).


Si vous souhaitez découvrir ce livre, notez qu'il est disponible sur Amazon via le lien suivant : The beats : Anthologie graphique.
  • Titre : The Beats. Anthologie graphique
  • Titre original : The Beats. A graphic history
  • Textes : Harvey Pekar, Nancy J. Peers, Penelope Rosemont, joyce Brabner, Trina Robbins et Tuli Kupferberg
  • Dessins : Ed Piskor, Jay Kinney, Nick Thorkelson, Summer Mc Clinton, Peter Kuper, Mary Fleener, Jerome Neukirch, Anne Timmons, Gary Dumm, Lance Tooks et Jeffrey Lewis
  • Direction : Paul Buhle
  • Éditeur : Emmanuel Proust
  • Traducteur : Lydie Barbarian
  • Date de parution : Novembre 2011
  • Nombre de pages : 194 p.
  • ISBN : 978-2-8480-374-7
  • Crédits photographiques : Source non trouvée pour la photo et © Ed Piskar

Une histoire populaire de l'empire américain - Howard Zinn - Mike Konopacki - Paul Buhle

Ce projet d'adaptation en bande-dessinée du célèbre ouvrage de Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis, est porté par un trio explosif : Paul Buhle pour l'initiative du projet, Howard Zinn pour le contenu et Mike Konopacki pour le dessin et le script. Édité dans sa version française par Vertige Graphic deux ans après sa publication originale (2007), cette bande-dessinée propose un regard certes militant mais également accablant sur la construction de l'empire américain de la fin des années 1890 à nos jours. Nourissant les prétextes à l'expansion de leur impérialisme économique et militaire par des discours ultra-patriotiques, les gouvernements américains successifs ainsi que le confie Howard Zinn, ont souvent pris des décisions politiques méprisant le respect de l'humanité. De guerre en guerre, les États-Unis ont réussi a imposer l'image du bon samaritain mais l'analyse présentée par Howard Zinn contredit violemment cette idée et expose une réalité bien décevante par rapport à la réalité : cela commence avec le massacre des indiens de Wounded Knee puis les répressions brutales des revendications sociales et syndicales, la Guerre hispano-américaine de 1898 pour la prétendue libération de Cuba, l'invasion des Philippines, les intérêts économiques faramineux liés à l'intervention dans la Première guerre mondiale, ceux de la Seconde guerre mondiale, l'enjeu idéologique de la guerre froide qui devait entraîner bien d'autres conflits comme la Révolution sandiniste au Nicaragua ou le scandale de l'Irangate au Moyen Orient. La liste est longue. Autant de conflits sanglants et de machinations politiques, symbole d'une "terre qui immole ses enfants" en les envoyant défendre le pays dans des contrées lointaines alors que sévissent sur son sol injustices sociales, ségrégation, misère et révoltes... Mais la Guerre du Vietnam a marqué un tournant décisif auprès de l'opinion publique et cette histoire de l'impérialisme américain "vient bousculer de manière salutaire les versions officielles et consensuelles, et souffle un vent d'optimiste de liberté d'expression retrouvée."

Pour être exact, Une histoire populaire de l'empire américain n'est pas tout à fait une fidèle adaptation de l'étude d'Howard Zinn : on y retrouve bien évidemment le ton engagé de l'historien américain et quelques thèmes communs aux deux ouvrages mais d'après moi, la bande-dessinée focalise clairement sur l'histoire politique liée à la construction de l'empire américain contrairement à Une histoire populaire des États-Unis qui étudie plutôt l'histoire sociale du pays par l'intermédiaire des "voix oubliées". Ces deux dimensions étant irrémédiablement imbriquées, on reconnaîtra facilement le lien entre les deux livres. La BD se distingue cependant dans son approche narrative : l'historien mis en scène dans la bande-dessinée lors d'une conférence contre la guerre en Irak, nous y parait plus proche, plus accessible. Le récit de son enfance, de ses relations, de ses rencontres et de ses choix, éléments qu'on retrouve peu dans son étude mais qui sont ici narrés, facilitent l'appropriation du récit par le lecteur. Alors que l'étude très érudite et fourmillant de centaines de références peut s'avérer assez inaccessible, la bande-dessinée se veut elle, grand public. Pari réussi au regard de l'immense succès rencontré par l'Histoire populaire de l'empire américain dont la présente édition est aujourd'hui épuisée. D'ailleurs, nous tenons avec ce titre un bel exemple de projet éditorial intelligement mené : les éditions Vertige Graphic, qui en plus de proposer un bel objet avec à l'appui images d'archives, cartes, caricatures, coupures de journaux, affiches de propagande..., se sont attachées à la dimension pédagogique du discours. Profitant du décalage temporel entre l'édition américaine et l'édition française, Vertige Graphic a enrichi son édition par des encarts informatifs intitulés "infozinn" qui idée intéressante, apportent compléments d'actualité et anecdotes pertinents. 

Quant au contenu à proprement parler, nul doute qu'il saura toucher et sensibiliser tout lecteur curieux : ainsi que l'annonce Howard Zinn au début de son discours "C'est vrai, nous avons libéré l'Afghanistan du régime Taliban, mais pas de nous ! C'est vrai, nous avons libéré l'Irak de Saddam Hussein, mais pas de nous ! Tout comme en 1898, nous avons libéré Cuba de l'oppression espagnole, mais pas de nous !" (p.19). Retraçant l'histoire des conflits armés menés par les USA depuis le massacre de Wounded de 1890, l'historien souligne que : "Nous pouvons tous éprouver une abominable colère contre ceux qui, selon l'idée démente que cela aiderait leur cause, ont tué des milliers de personnes innocentes. Mais que faisons-nous de cette colère ? Devons-nous réagir avec panique, frapper violemment et de façon aveugle juste pour montrer à quel point nous sommes durs ?" (p.13 du prologue). Tel un coup d'électrochoc en faveur de la prise de conscience de la population américaine, Howard Zinn, chose très appréciable, parle à la première personne du pluriel. A l'inverse du concept du "ils ont perdu , on a gagné", Howard Zinn revendique sa citoyenneté américaine et en appelle au bon sens du peuple américain. On pourra certainement trouver le discours trop militant ou trop moralisateur. Le problème reste que si la prise de conscience et la contestation se font en silence, seules les personnes déjà convaincues s'intéresseront à ces questions. C'est donc à coups de trompettes et à grands cris que le combat défendu par l'historien à travers celui de Black Elk, Eugene Victor Debs, Emma Goldman, Martin Luther King, Daniel Ellsberg, Augustino Sandino et bien d'autres doit être relayé. Comme vous l'aurez compris, cette bande-dessinée m'a emballé. Lisez-la donc pour vous faire votre propre idée !

  • Titre : Une histoire populaire de l'empire américain
  • Titre original : A history of American empire
  • Auteur : Howard Zinn
  • Illustrateur : Mike Konopacki et Paul Buhle
  • Traducteur : Barbara Helly
  • Postface : Robert Chesnais
  • Éditeur : Vertige Graphic
  • Date de parution : Novembre 2009
  • Nombre de pages : 281 p.
  • ISBN : 978-2-84999-076-6
  • Crédits photographiques : © Mike Konopacki