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Fahrenheit 451 - Ray Bradbury

Nul n’est besoin de présenter encore cette oeuvre anthologique du roman d’anticipation / de science-fiction ? Publié en 1953 sous forme de feuilleton, ce roman fait encore et toujours des émules. Et pour cause : les questions soulevées par Bradbury constituent des bombes à retardement qui menacent, si l’on n’y prend pas garde, d’exploser. Les "autodafés" de livres sont des manifestations récurrentes de l’histoire car, "source de questionnements et de réflexion", les livres symbolisent la mémoire de l’humanité. Bien que Farenheit 451 ne reflète pas la réalité, il propose une vision pessimiste de l’avenir qui trouve un écho puissant parmi les amateurs de lecture : et si lire faisait vraiment des lecteurs de dangeureux criminels ? Ce roman renvoie aux inquiétudes de l’auteur vis-à-vis du maccarthysme des années 1950 et la censure que l’on connait de nos jours a joyeusement pris son relai. Si la lecture est un acte subversif, peu importe si les pompiers ne brûlent pas encore les livres : le fait que Bradbury l’ait  imaginé dans ce roman, a prévenu les hommes de cette catastrophe. En ce sens, Farenheit 451 est un roman universel.


J’ai lu ce livre lorsque j’étais adolescente et j’en ai gardé un excellent souvenir. Aussi, lorsque la blogosphère a remis cette lecture au goût du jour, j’en ai profité pour découvrir cette édition introduite avec pertinence par Jacques Chambon (2000). Relire ce roman après des années, n’a rien enlevé à sa puissance : l’inquiétant message qu’il délivre plane sur notre civilisation. Encore une fois, comme le dirait Bradbury, "il y a plus d’une façon de brûler un livre" : celle qui correspond à notre époque est la censure. Mais au delà de ces considérations, Chambon rapelle qu’il est surtout "question de l’impérialisme des médias, du grand décervelage auquel procèdent la publicité, les jeux, les feuilletons, les informations télévisées". (p. 12/13 de la préface). Et si brûler un livre revenait simplement à "rendre les gens incapables de lire par atrophie de tout intérêt pour la chose littéraire, paresse mentale ou simple désinformation" ? p.13 Voilà une question qui méritait d’être posée. Heureusement, nous sommes encore nombreux à défendre les intérêts de la lecture et le livre est loin d’être mort, mais si vous deviez n’"être" qu’un seul livre, lequel incarneriez-vous ? 

Extraits : "Eh bien Montag, croyez-moi sur parole, il m’a fallu en lire quelques-uns dans le temps, pour savoir de quoi il retournait : ils ne racontent rien! Rien que l’on puisse enseigner ou croire. Ils parlent d’êtres qui n’existent pas, de produits de l’imagination, si ce sont des romans. Et dans le cas contraire, c’est pire, chaque professeur traite l’autre d’imbécile, chaque philosophe essaie de faire ravaler ses paroles à l’autre en braillant plus fort que lui. Ils courrent dans tous les sens, mouchant les étoiles et éteignant le soleil. On en sort complètement déboussolé." p.91


"- Personne n’écoute plus. Je ne veux pas parler aux murs parce qu’ils me hurlent après. Je ne peux pas parler à ma femme ; elle écoute les murs. Je veux seulement quelqu’un qui écoute ce que j’ai à dire. Et peut-être que si je parle assez longtemps, ça finira par tenir debout. Et je veux que vous m’appreniez à comprendre ce que je lis." p. 114


"Les livres n’étaient qu’un des nombreux types de réceptacles destinés à conserver ce que nous avions peur d’oublier. Ils n’ont absolument rien de magique. Il n’y a de magie que dans ce qu’ils disent, dans la façon dont ils cousent les pièces et les morceaux de l’univers pour nous en faire un vêtement." p.115

"Les bons écrivains touchent souvent la vie du doigt. Les médiocres ne font que l’éffleurer. Les mauvais la violent et l’abandonnent aux mouches." p. 115


"Vous avez peur de commettre des erreurs. Il ne faut pas. Les erreurs peuvent être profitables. Sapristi, quand j'étais jeune, je jetais mon ignorance à la tête des gens. Et ça me valait des coups de bâtons. Quand j'ai atteint la quarantaine, mon instrument émoussé s'était bien aiguisé. Si vous cachez votre ignorance, vous ne recevrez pas de coups mais vous n'apprendrez rien." p.142

Dédicace : "Celui-ci est dédié avec reconnaissance à Don Congdon »


Citation : "Si l’on vous donne du papier réglé, écrivez de l’autre côté". Juan Ramon Gimenez


Quatrième de couverture : "451 degrés Farhenheit représentent la température à laquelle un livre s’enflamme et se consume. Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte anti-social, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres dont la détention est interdite pour le bien collectif. Le pompier Montag se met pourtant à rêver d’un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l’imaginaire au profit d’un bonheur immédiatement consommable. Il devient dès lors un dangeureux criminel, impitoyablement pourchassé par une société qui désavoue son passé."

Titre : Fahrenheit 451
Auteur : Ray Bradbury
Éditions : Folio
Collection : SF
Date de parution : Février 2010
Traducteur : Jacques Chambon et Eric Roubillaud
Préface : Jacques Chambon
Nombre de pages : 213 p.
Couverture : Photos de Masao Mukai & Syata Tokitsume (Photonica)
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